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De Kebec à Québec : Cinq siècles d’échanges entre nous

Denis Bouchard, Éric Cardinal et Ghislain Picard. Les Intouchables, Montréal, 2008, 206 pages, 20 $.

Fruit de la collaboration entre trois passionnés d’histoire de la Nouvelle-France et des Premières Nations, cet ouvrage a cependant été rédigé par un seul d’entre eux, Éric Cardinal, spécialiste des affaires autochtones. Aucun n’est historien, et cette lacune est avouée dès la première page. L’idée de ce livre serait née de la rencontre entre Denis Bouchard, comédien bien connu, et Ghislain Picard, chef non moins connu de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. De leurs discussions à bâtons rompus serait en effet surgie leur commune nécessité de réfléchir sur les rapports entre Blancs et Autochtones en regard de nos relations historiques, car on aurait tendance à oublier qu’ils sont aussi empreints de rapports amicaux, d’échanges et d’entraide. Éric Cardinal en retrace donc l’histoire et présente également un survol des droits et revendications des Premières Nations.

  • La longue marche du peuple oublié… Ethnogénèse et spectre culturel du peuple métis de la Boréalie

  • Quand l’Ours métis sort de sa ouache

  • Dans les langes métisses des Terres-Rompues : Le cas de l’alliance d’affaires Gagnon–Kessy–Murdock

Russel Bouchard. Éditions Chik8timitch, Ville Saguenay, respectivement 2006, 2007 et 2008, 213 pages, 102 pages et 160 pages, 32 $, 19 $ et 24 $ (taxes et port inclus).

L’historien métis Russel Bouchard, pamphlétaire prolifique, a récemment publié trois ouvrages aux éditions Chik8timitch, qu’il dirige par ailleurs. Le premier est à la fois une histoire et une ethnographie du peuple métis de la Boréalie québécoise, accompagnées en annexe d’une série de fiches historiques des villages métis, forts et postes de traite de cette même région. Le second correspond au texte d’une conférence sur la survivance et l’identité métisse présentée en 2007, dans le cadre d’un atelier de sensibilisation aux cultures autochtones organisé par le ministère des Affaires indiennes et du Nord. Dans le troisième livre, l’auteur explique la place des Métis dans les premiers efforts de colonisation du Saguenay, à travers une analyse généalogique des gens des Terres-Rompues (Saint-Jean-Vianney).

Max « One Onti » Gros-Louis, constance et détermination

Renée Dupuis. Collection Mémoire vive, Varia, Montréal, 2008, 96 pages, 15 $.

Renée Dupuis est une juriste spécialisée dans les droits des peuples autochtones. Elle offre ici un bref portrait biographique du grand chef de la nation huronne-wendate Max Gros-Louis, à travers sa quête identitaire et sa lutte pour la reconnaissance des droits autochtones, mais aussi par le biais de réflexions et de souvenirs confiés lors d’entretiens privés avec l’auteure en 2007, levant ainsi un coin du voile sur l’homme derrière le personnage public, sur ses valeurs, ses traits de caractère et ses expériences de vie.

Le jeu de la crosse à Montréal au XIXe siècle

Daniel Ferland. Éditions GGC, Sherbrooke, 2008, 128 pages, 24 $.

Cet ouvrage est le mémoire de maîtrise de l’auteur présenté au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke en 2007. Il y est question de l’évolution des rapports entre Autochtones et Euro-Canadiens vue à travers la pratique du jeu de crosse au cours du xixe siècle. L’étude, basée principalement sur les archives du Musée McCord et les journaux d’époque, tente de démontrer comment les Euro-Canadiens, en s’appropriant et en transformant ce jeu d’origine amérindienne, ont successivement passé par des phases de fraternisation avec les Amérindiens, puis de ségrégation et d’exclusion de ces derniers, et finalement de folklorisation. L’ouvrage contient quelques illustrations dont la qualité de reproduction laisse parfois à désirer.

Les Autochtones dans le Québec post-confédéral, 1867-1960

Claude Gélinas. Septentrion, Sillery, 2007, 264 pages, 25 $.

Anthropologue de formation, enseignant au département d’études religieuses de l’Université de Sherbrooke, l’auteur s’intéresse à une période méconnue de l’histoire sociale et économique des autochtones du Québec, celle qui a suivi la naissance de la confédération canadienne. Il cherche notamment à nuancer l’image trop souvent évoquée des autochtones isolés dans leurs réserves et dépendants du gouvernement fédéral, en mettant plutôt l’accent sur leur mobilité, leur autonomie et leur participation dans la société et l’économie québécoises, sans toutefois nier les inégalités socio-économiques dont ils ont évidemment souffert durant cette période. Il en conclut notamment que « […] les Autochtones se sont souvent mieux tirés d’affaires lorsqu’ils étaient laissés à eux-mêmes, à condition cependant de disposer des leviers nécessaires pour décider et gérer par eux-mêmes leur trajectoire socioéconomique […] », ce qui n’est pas sans résonance avec les discours contemporains sur l’autodétermination des peuples autochtones.

La nature des esprits dans les cosmologies autochtones / Nature of Spirits in Aboriginal Cosmologies

Sous la direction de Frédéric B. Laugrand et Jarich G. Oosten. Presses de l’Université Laval, 2007, Québec, 542 pages, 60 $.

Dans cet ouvrage collectif portant sur les cosmologies autochtones abordées dans une perspective anthropologique et comparative, les anthropologues Frédéric B. Laugrand (Université Laval) et Jarich G. Oosten (Université de Leiden) ont réuni de nombreuses contributions, groupées en quatre parties : « Perspectives comparatives », « Représenter les esprits », « L’ambiguïté des esprits : les cas du chien et de l’ours », et « Transition et transformations ». Les études de cas présentées par vingt-sept auteurs proviennent principalement des Amériques (Robert Brightman, Robert Crépeau, Denys Delâge, Philippe Descola, Carlos Fausto, Ann Fienup-Riordan, Denis Gagnon, Mireillle Gagnon, Jean-Guy A. Goulet, Laurent Jérôme, Frédéric Laugrand, Serge Lemaître, Françoise Morin, Jarich Oosten, Nathalie Ouellette, Cécile Pachocinski, Julie Rodrigue, Bernard Saladin d’Anglure, Olivier Servais, Colin Scott, Adrian Tanner, Eduardo Viveiros de Castro et Lea Zuyderhoudt), mais aussi d’Asie de l’Est (Louis-Jacques Dorais, Roberte Hamayon, Françoise Morin, Jos. D. M. Platenkamp, Bernard Saladin d’Anglure et Virginie Vaté).

La mesure d’un continent : Atlas historique de l’Amérique du Nord, 1492-1814

Raymonde Litalien, Jean-François Palomino et Denis Vaugeois. Ouvrage préparé en collaboration avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Septentrion, Sillery, 2008, 300 pages, 59 $.

Trois historiens s’unissent pour produire ce beau livre, dont ils ont signé à peu près en parts égales les quelque quarante-cinq courts chapitres qu’il renferme, regroupés en quatre sections. Lise Bissonnette signe la préface de cet ouvrage préparé en collaboration avec l’organisme qu’elle dirige (Bibliothèque et Archives nationales du Québec). En introduction, Raymonde Litalien précise qu’avec cet atlas, « les auteurs ont voulu écrire l’histoire par les cartes, dont ils essaient d’extraire la quintessence » (p. 12). L’objectif est ambitieux, mais les auteurs peuvent s’appuyer sur un corpus de cartes abondant (plus d’une centaine), ici reproduites avec soin et qualité. La majorité des lecteurs de Recherches amérindiennes au Québec s’intéressera sans doute particulièrement aux rares chapitres s’attardant aux Amérindiens (« Découverte ou rencontre : les Autochtones au moment du contact » ; « Relations franco-indiennes: alliances et rivalités » ; « Les Indiens et la cartographie : “Ils marquent le vrai nord” »). Ces mêmes lecteurs s’étonneront peut-être de la coexistence indolente des termes « Autochtones », « Amérindiens » et « Indiens », ce dernier étant par ailleurs utilisé le plus fréquemment ici, malgré son caractère désuet et inexact. L’ouvrage se conclut par une grammaire cartographique, une liste des cartes, une courte bibliographie et trois index.

Aimititau ! Parlons-nous !

Sous la direction de Laure Morali. Mémoire d’encrier, Montréal, 2008, 336 pages, 24,50 $.

Poète et réalisatrice de films documentaires, Laure Morali a donné vie à son rêve de rassembler dans un même livre les écrits de vingt-neuf auteurs québécois et amérindiens (des nations innue, wendate, crie, micmaque, métisse, nippissing, dénée, tépéhuane et kiowa). Quinze chapitres écrits par des duos composés soit d’un auteur québécois et d’un auteur amérindien, soit d’auteurs amérindiens de nations différentes, et qui ont correspondu pendant une période d’environ neuf mois, en 2007, dans un esprit de rencontre et d’échange entre les cultures. Les textes qui en découlent prennent la forme de poèmes, récits, contes, lettres ou courriels, et les auteurs (entre autres Joséphine Bacon, Yves Boisvert, Denise Brassard, Domingo Cisneros, Louis Hamelin, Rita Mestokosho, N. Scott Momaday, Yves Sioui Durand et Roméo Saganash) abordent les grands thèmes de l’identité, de la généalogie, de l’appellation des peuples et du métissage, mais aussi de l’amour et du deuil, parmi plusieurs autres.