Résumés
Résumé
Cet article poursuit un double objectif. D’une part, il traite des principes de la conception de la reconnaissance proposée dans le chapitre IV-A de la Phénoménologie de l’esprit. D’autre part, il s’interroge sur les conséquences de cette conception pour la philosophie sociale et politique contemporaine. Le premier objectif conduit à analyser l’architecture du chapitre IV-A et la manière dont les développements de la Realphilosophie d’Iéna sont reformulés. Le second objectif passe par un examen des débats contemporains relatifs à l’épistémologie de la reconnaissance, au rôle du conflit dans les relations de reconnaissance et à la fonction de la reconnaissance dans les rapports de domination.
Abstract
This article has two goals. On the one hand, it deals with the principles of the conception of recognition in Chapter IV-A of the Phenomenology of Spirit. On the other hand, it deals with the consequences of this conception for contemporary social and political philosophy. The first goal requires an analysis of the architecture of chapter IV-A and a study of the reformulations of what is said about recognition in Iena’s Realphilosophie. The first goal gives the opportunity to take into account contemporary debates about epistemology of recognition, about the role of conflicts in recognitive relations, and about the function of recognition in domination relations.
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Parties annexes
Notes
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[1]
Pour une discussion critique de ce genre d’approche, voir Olivier Voirol, 2004, « Reconnaissance et méconnaissance : sur la théorie de la violence symbolique », Informations sur les sciences sociales, vol. 43, no 3, p. 403-433.
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[2]
Pour une présentation critique, voir Christian Lazzeri, 2006, « Qu’est-ce que la lutte pour la reconnaissance ? », dans Conflit, confiance, sous la dir. de Robert Damien et Christian Lazzeri, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, p. 343-388.
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[3]
On trouve une défense des perspectives ouvertes par ce modèle chez Estelle Ferrarese, 2004, « La reconnaissance, le tort et le pouvoir », dans Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution, sous la dir. de Nancy Fraser, Paris, La Découverte, p. 159-177.
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[4]
Le rapport du modèle hégélien avec le conflit et la domination tout particulièrement fait controverse. Ainsi, pour Paul Ricoeur (2004, Parcours de la reconnaissance, Paris, Seuil), le modèle hégélien de reconnaissance associerait trop étroitement reconnaissance et conflit, alors que, pour d’autres, il conduirait à méconnaître la nature de la conflictualité sociale en l’interprétant de façon forcée dans un horizon de réconciliation. (Robin Celikates, 2006, « Nicht versöhnt. Wo bleibt der Kampf im’ Kampf um Anerkennung’ ? » [Non réconcilié. Où réside le conflit dans la lutte pour la reconnaissance], dans Socialité et reconnaissance. Grammaires de l’humain, sous la dir. de Georg Bertram, Robin Celikates, Christophe Laudou et David Lauer, Paris, L’Harmattan.) Pour certains auteurs, comme Judith Butler (2002, La vie psychique du pouvoir, Paris, Léo Scheer), le modèle hégélien mettrait à jour la solidarité de la reconnaissance avec la domination et la violence symbolique, alors que, pour d’autres, il montrerait comment les demandes de reconnaissance offrent un levier pour décrire et critiquer la domination et la violence symbolique. (Franck Fischbach, 1999, Fichte et Hegel. La reconnaissance, Paris, Presses universitaires de France, Conclusion.)
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[5]
Georg F.W. Hegel, 1976, Le Système de l’éthicité, Paris, Payot ; Georg F.W. Hegel, 1999, Le premier système. La philosophie de l’esprit 1803-1804, Paris, Presses universitaires de France ; Georg F.W. Hegel, 1984, « Philosophies de l’esprit (1805-1806) », dans La naissance de la philosophie hégélienne de l’État, sous la dir. de Jacques Taminiaux, Paris, Payot, p. 189-294 ; Georg F.W. Hegel, 2006, Phénoménologie de l’esprit, Paris, Vrin ; Georg F.W. Hegel, Principes de la philosophie du droit, Paris, Presses universitaires de France ; et Georg F.W. Hegel, 1986, Encyclopédie des sciences philosophiques, Paris, Vrin, t. 2.
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[6]
Pour une défense de cette méthode d’interprétation, voir Fischbach, Fichte et Hegel…, op. cit. ; Robert R. Williams, 1997, Hegel’s Ethics of Recognition, Berkeley, University of California Press. On peut la contester en soulignant l’hétérogénéité des problématiques de la philosophie sociale d’Iéna et de l’analyse phénoménologique de la conscience. C’est ce que font aussi bien Axel Honneth (2000, La Lutte pour la reconnaissance, Paris, Cerf, chap. 3) et Robert B. Pippin (1989, Hegel’s Idealism. The Satisfaction of Self-Consciousness, Cambridge, Cambridge University Press, chap. 7), en valorisant la première problématique chez le premier, et la seconde chez le dernier.
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[7]
Alexandre Kojève, 1947, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard.
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[8]
Ernst Tugendhat, 1995, Conscience de soi et autodétermination, Paris, Armand Colin ; Andreas Wildt, 1982, Autonomie und Anerkennung. Hegels Moralitätskritik im Lichte seiner Fichte-Rezeption [Autonomie et reconnaissance. La critique hégélienne de la moralité à la lumière de sa réception de Fichte], Stuttgart, Klett-Cota, p. 349 ss. ; Ludwig Siep, 1992, « Zur Dialektik der Anerkennung bei Hegel » [Sur la dialectique de la reconnaissance chez Hegel], dans Praktische Philosophie im deutschen Idealismus [Philosophie pratique dans l’idéalisme allemand], sous la dir. de Ludwig Siep, Frankfurt/Main, Suhrkamp. C’est en s’appuyant sur Wildt et Siep que Honneth a construit son actualisation (intersubjectiviste) du modèle hégélien de la reconnaissance.
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[9]
Robert B. Pippin, 2000, « What is the Question for Which Hegel’s Theory of Recognition is the Answer ? », European Journal of Philosophy, vol. 8, no 2, p. 155-172 ; Terry Pinkard, 1996, Hegel’s Phenomenology. The Sociality of Reason, Cambridge, Cambridge University Press, chap. 3 ; John McDowell, 2006, « The Apperceptive I and the Empirical Self : Towards a Heterodox Reading of “Lordship and Bondage” in Hegel’s Phenomenology », dans Hegel : New Directions, sous la dir. de Katerina Deligiorgi, Montréal/Kingston, McGill/Queen’s University Press, p. 33-48 ; et Robert B. Brandom, 2009, « La structure du désir et de la reconnaissance : conscience de soi et autodétermination », dans La Phénoménologie de l’esprit de Hegel : lectures contemporaines, Paris, Presses universitaires de France, p. 17-52. Sur les interprétations néo-pragmatistes de Hegel, voir plus généralement Philosophie, 2008, no 99 : « Hegel pragmatiste ? ».
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[10]
Sur la fonction architectonique du pur concept de reconnaissance, voir Pierre-Jean Labarrière, 1979, La phénoménologie de l’esprit de Hegel. Introduction à une lecture, Paris, Aubier, p. 152 ss.
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[11]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 201. Le texte de l’Encyclopédie indique plus clairement qu’il s’agit de désigner une conscience d’autrui et du fait qu’autrui me prend pour objet : « il y a une conscience de soi pour une autre conscience de soi, tout d’abord de façon immédiate, en tant qu’un autre est pour un autre » (§ 430).
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[12]
Fischbach, Fichte et Hegel…, p. 72-75.
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[13]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 127 : « la conscience est, d’un côté, conscience de l’ob-jet, de l’autre, conscience d’elle-même ».
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[14]
Ibid. : « Le mouvement est donc sans réserve le mouvement doublé des deux consciences de soi. Chacune voit l’autre faire la même chose que ce qu’elle fait ; chacune fait elle-même ce qu’exige l’autre, et elle fait par conséquent aussi ce qu’elle fait seulement pour autant que l’autre fait la même chose ; l’agir unilatéral de l’une serait inutile parce que ce qui doit se produire ne peut se réaliser que par l’agir des deux. »
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[15]
Id., p. 203.
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[16]
Pour un état du débat contemporain sur l’épistémologie de la reconnaissance, voir Heikki Ikäheimo, 2002, « On the Genus and Species of Recognition », Inquiry, vol. 45, no 4, p. 447-462.
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[17]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 202.
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[18]
Id., p. 417.
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[19]
Id., p. 204-206.
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[20]
Notons que dans cette conception relationnelle de la reconnaissance, un certain nombre de conceptions de la reconnaissance sont exclues. Par exemple, lorsque l’on entend la reconnaissance au sens de la gratitude, ou au sens du don, comme chez certains auteurs francophones (cet usage conceptuel s’appuie sur une spécificité de la langue française), on désigne un acte qui est identifié comme « reconnaissance » sans qu’il corresponde nécessairement à une attente de reconnaissance, même si, dans certains cas, on sort du cadre de la compréhension hégélienne de la reconnaissance et des débats qui se développent en son sein.
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[21]
Axel Honneth, 2006, « La reconnaissance comme idéologie », dans La société du mépris, Paris, La Découverte, p. 245-274.
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[22]
Pour une discussion plus détaillée, voir Emmanuel Renault, 2009 [à paraître], « Theory of Recognition and Critique of Institutions », dans Honneth’s Critical Theory of Recognition, sous la dir. de Daniele Peterbridge, Dordrecht, Brill.
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[23]
Sur ce point, voir Emmanuel Renault, 2001, « Identité et reconnaissance chez Hegel », Kairos, no 17, p. 185-201.
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[24]
C’est là notamment l’un des points de divergence entre les approches de Dejours et de Honneth. Voir à ce propos Christophe Dejours, 2007, « Psychanalyse et psychanalyse du travail : ambiguïté de la reconnaissance », dans La quête de reconnaissance, sous la dir. d’Alain Caillé, Paris, La Découverte, p. 58-70. Pour une comparaison des approches de Honneth et de Dejours, voir Emmanuel Renault, 2007, « Reconnaissance et travail », Travailler, no 18, p. 119-135.
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[25]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 301.
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[26]
Ou, si l’on préfère, d’une reconnaissance comme « homme » et comme « citoyen ». Voir à ce propos Fischbach, Fichte et Hegel…, p. 80 ss.
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[27]
Comme on le voit clairement dans la transition entre la lutte à mort et les rapports du maître et du serviteur : « Dans la conscience de soi immédiate, le Moi en sa simplicité est l’objet absolu, lequel est cependant pour nous ou en soi la médiation absolue et a la subsistance par soi persistante pour moment essentiel. La dissolution de cette unité simple dont il vient d’être question est le résultat de la première expérience. » (Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 206.)
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[28]
Ibid., p. 204.
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[29]
Même si A. Honneth n’a pas développé cet argument à partir de la Phénoménologie de l’esprit, il semble possible de le faire, comme le remarque Ludwig Siep (2009, « Le mouvement de la reconnaissance dans la Phénoménologie de l’esprit », La Phénoménologie de l’esprit : lectures contemporaines, Paris, Presses universitaires de France, p. 201-204).
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[30]
Pippin, « What is the Question… », p. 157, 163.
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[31]
Id., p. 161.
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[32]
Sur ce point, voir dans ce numéro de Politique et sociétés, l’article de Jean-Philippe Deranty, « La reconnaissance hégélienne et ses enjeux pour la philosophie sociale et politique contemporaine ».
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[33]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 203.
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[34]
Id., p. 204 : « la présentation de soi-même comme de la pure abstraction de la conscience de soi consiste pour le Soi qu’on est, à se montrer comme pure négation de son mode d’être objectif, ou à montrer qu’on n’est lié à aucun être-là déterminé, qu’on n’est absolument pas lié à la singularité universelle de l’être-là, pas lié à la vie. Cette présentation est l’agir double : l’agir de l’autre et l’agir par soi-même. Dans la mesure où c’est l’agir de l’autre, chacune vise la mort de l’autre. Mais est aussi présent ici le second agir, l’agir par soi-même, car le premier inclut en lui le fait d’exposer sa propre vie. »
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[35]
Pour une synthèse des développements d’Iéna, voir Honneth, La lutte pour la reconnaissance, chap. 2 et 3.
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[36]
Georg W.F. Hegel, 1987, Jenaer Systementwürfe III [Esquisse de système, III], Meiner, Hamburg, p. 201.
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[37]
Ibid. : « Il détériore quelque chose – une annihilation comme celle du désir, pour se donner à soi son sentiment de soi, mais non pas son sentiment de soi vide, bien plutôt en posant son soi dans le se-savoir de l’autre.
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[38]
Id., p. 202 : « Mais pour que l’être pour soi vaille comme absolu, il doit s’exposer soi-même comme absolu, comme volonté, c’est-à-dire comme un être pour soi pour lequel ce n’est plus son être-là qui était en sa possession mais cet être pour soi qui est le sien et qui est su. »
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[39]
Id., p. 203 : « En tant que conscience, il semble que c’est la mort de l’autre qui est en jeu, mais c’est la sienne propre – c’est un suicide en tant qu’il s’expose au danger. »
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[40]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 441.
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[41]
Id., p. 440.
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[42]
Honneth, La lutte pour la reconnaissance, chap. 5.
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[43]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 204.
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[44]
Id., p. 205.
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[45]
Id., p. 204 : « Et c’est seulement par l’acte d’exposer sa vie que la liberté est prouvée en sa vérité, qu’il est avéré que, pour la conscience de soi, ce n’est pas l’être – pas le mode immédiat suivant lequel elle entre en scène, pas son immersion en l’expansion de la vie –, qui constitue l’essence, mais que, en elle, il n’y a rien de présent qui ne serait pour elle un moment disparaissant, qu’elle est un pur être-pour-soi. »
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[46]
Id., p. 210.
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[47]
L’Encyclopédie conserve la primauté de la mort d’autrui : « Ce processus est une lutte ; car moi, je ne peux pas me savoir dans l’autre comme moi-même, pour autant que l’autre est, pour moi, un autre être-là immédiat ; je suis pour cette raison orienté vers la suppression de cette immédiateté qui est la sienne. » (§ 431) Ici une conscience de soi tente de forcer l’autre à abandonner sa naturalité pour le forcer à se comporter comme une conscience de soi universelle. La lutte n’a pas cette fonction immédiatement formatrice dans le chapitre IV-A.
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[48]
Jean-Philippe Deranty, 2003, « Mésentente et lutte pour la reconnaissance. Honneth face à Rancière », dans Où en est la Théorie critique, sous la dir. d’Emmanuel Renault et Yves Sintomer, Paris, La Découverte, p. 185-199 ; Celikates, « Nicht versöhnt… », op. cit.
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[49]
Voir la critique de Sartre dans Frantz Fanon, 1995, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil. 107-114. Pour des exemples d’analyse de lutte de reconnaissance agonistiques, voir Emmanuel Renault, « Le discours du respect », dans La quête de reconnaissance, sous la dir. d’Alain Caillé, Paris, La Découverte, p. 161-181 ; et Emmanuel Renault et Djemila Zeneidi, 2008, « Formes de reconnaissance conflictuelle : relations sociales, appropriation de territoire, culture et politique dans un groupe de punks squatters », dans La reconnaissance à l’épreuve. Explorations socio-anthropologiques, sous la dir. de Jean-Paul Payet et Alain Battegay, Lille, Presses universitaires du Septentrion, p. 193-200.
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[50]
Conformément à la thèse deleuzienne suivant laquelle le désir de reconnaissance est toujours le désir que l’esclave a d’être reconnu par son maître. (Gilles Deleuze, 1962, Nietzsche et la philosophie, Paris, Presses universitaires de France, p. 11.)
-
[51]
Sur ces questions, voir Emmanuel Renault, 2008, « Reconnaissance et subalternité », dans Histoire et subjectivité, sous la dir. d’Augustin Giovannoni et Jacques Guilhaumou, Paris, Kimé, p. 121-139.
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[52]
Sur ces questions, voir Remo Bodei, 2007, « The Roots of Hegel’s “Master-Slave Relationship” », Critical Horizons, vol. 8, no 1, p. 33-46.
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[53]
Sur ce point, Susan Buck-Morss, 2006, Hegel et Haïti, Paris, Lignes/Léo Scheer.
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[54]
Voir, par exemple, Pierre Bourdieu, 1998, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil.
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[55]
C’est vers un tel modèle que s’oriente Honneth dans « La reconnaissance comme idéologie », op. cit.
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[56]
Pour une illustration de cette orientation, voir également Terry Pinkard, 2003, « Agency, Finitude and Idealism : What Does it Mean To Be a Hegelian Today », dans Das Interesse des Denkens Hegel aus heutiger Sicht [L’intérêt de la pensée hégélienne du point de vue contemporain], sous la dir. de Wolfgang Welsch et Klaus Vieweg, München, Wilhelm Fink Verlag, p. 205-217.
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[57]
C’est le point de vue défendu notamment par Fischbach (Fichte et Hegel…, p. 122, 126) : « Il n’y a pas de lutte possible pour la reconnaissance en dehors des conditions de la domination », « La lutte pour la reconnaissance vise l’affirmation d’une différence dans un espace sociale divisé, et non l’intégration à un ordre social pacifié. »
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[58]
Id., p. 112-122.
-
[59]
Hegel, Phénoménologie de l’esprit, p. 210.
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[60]
Voir Jean-Philippe Deranty, 2005, « The Loss of Nature in Axel Honneth’s Theory of Recognition », Critical Horizons, vol. 6, no 1, p. 153-181 ; Jean-Philippe Deranty, 2006, « Repressed Materiality. Retrieving the Materialism in Honneth’s Theory of Recognition », Critical Horizons, vol. 7, no 1, p. 113-140.
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[61]
Voir Jean-Philippe Deranty, 2005, « Les horizons marxistes de l’éthique de la reconnaissance », Actuel Marx, no 38, p. 159-178 ; Jean-Philippe Deranty et Emmanuel Renault, 2007, « Politicizing Honneth’s Ethics of Recognition », Thesis Eleven, vol. 88, p. 92-111 et Jean-Philippe Deranty, 2009, Beyond Communication. A Critical Study of Axel Honneth’s Social Philosophy, Leiden/Dordrecht, Brill.