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Le présent ouvrage porte sur la croissance proprement industrielle et la vie économique de l’Asie septentrionale. Dans un champ aussi concurrencé, R. Compton ne manque pas d’ambition.

La question du rôle de la mondialisation dans les économies de l’Asie septentrionale n’est pas nouvelle. Pendant de longues années, une forte proportion des économistes considéraient les États comme autant de situations irrémédiables, les problèmes économiques insolubles. Jusque vers 1990, seul l’État fournissait des incitatifs à l’industrialisation. Bon nombre des États asiatiques souffraient d’une crise à la fois psychologique et économique à cause de la guerre froide. Cette mentalité d’assiégés a longuement promu la productivité industrielle en Corée, au Japon et à Taiwan. Ils misaient tous sur l’économie mondiale pour leur survie et profitaient des avantages que conférait leur main-d’oeuvre bon marché. On assistait aussi à la spécialisation internationale de cette main-d’oeuvre et à une certaine intégration économique régionale. La fin de la guerre froide a tout bouleversé : les structures régionales sont profondément atteintes. Les dix essais de cette collection s’attaquent donc à un milieu qui met fin aux systèmes autoritaires par mort lente. Chercheurs en politique comparée, en relations internationales et en études thématiques, les auteurs étudient chacun des pays principaux de l’Asie septentrionale, pour comprendre comment la mondialisation affecte et les politiques intérieures et les politiques internationales.

En gros, le texte se fixe trois objectifs. Le premier est de créer un lien entre la politique comparée et les relations internationales. Nulle part nous parle-t-on du lien qui existe déjà, celui de la politique étrangère. Le second est d’analyser et de prévoir l’avenir des nations en question, de leurs politiques sur la démocratie, sur les droits de la personne et sur leurs processus de formation des politiques. Le troisième objectif est de présenter des études détaillées sur le Japon, la Corée et la République Populaire de Chine. L’étude systématique de l’Asie septentrionale permet d’analyser les tendances régionales, et donc de pronostiquer l’avenir des nations particulières.

L’ouvrage comprend dix essais. Le premier porte sur la mondialisation et la vie politique, le second sur la mondialisation et l’industrialisation à la lumière de la crise financière. Le troisième essai porte sur le débat parmi l’élite politique de Chine sur la mondialisation, et le quatrième essai, sur le célèbre immobilisme japonais. Le cinquième thème abordé est celui du contrôle étatique sur la culture politique. Les cinq autres essais portent sur la République sud-coréenne, le Timor oriental, l’aide japonaise et l’environnement, l’épineuse question des droits de la personne, et l’éventuelle démilitarisation de l’île japonaise d’Okinawa.

Le livre annonce un examen systématique, mais comme la plupart des collections, les essais sont disparates. Le directeur donne l’impression de chercher ses thèmes, parfois assez loin, autant après coup qu’a priori. L’un des paradoxes importants posés par la mondialisation est la recrudescence et la diminution simultanées de la capacité des gouvernements de contrôler les évènements intérieurs et internationaux. Les gouvernements ont gagné du terrain quant aux évènements internationaux, à la politique internationale et à l’économie, mais ils en ont perdu au profit des sociétés et aux organisations internationales. Par contre, les gouvernements sont plus importants en ce qui a trait à l’État-providence, la santé, et les questions environnementales.