Corps de l’article

Merci encore une fois de l’appui que tu nous donnes, que tu oses nous donner (car tu es le premier professeur d’Université qui ait osé signer un article dans Cité libre; ça prenait une femme!)

Pierre Elliott Trudeau, lettre à Jeanne Lapointe, 2 février 1955.

[J]’éprouve une certaine crainte à vous écrire ces quelques mots, vous sachant professeur de Lettres, l’un de nos meilleurs critiques à l’endroit de notre littérature […] Merci pour votre franchise; vous êtes l’une des seules personnes à avoir joué cette carte, la meilleure.

Gaston Miron, lettre à Jeanne Lapointe, 6 mars 1958[1].

L’audace et l’engagement, la franchise et la liberté de parole caractérisent Jeanne Lapointe. Si opposés soient-ils, Trudeau et Miron en convenaient; ils estimaient sa vive intelligence et, sans doute aussi, sa superbe indépendance à l’égard des politiques. Première diplômée de la jeune Faculté des lettres de l’Université Laval en mai 1938, première professeure au Département des littératures en 1940, Jeanne Lapointe[2] est surtout connue pour son exceptionnelle participation à deux commissions royales d’enquête décisives : sur l’enseignement dans la province de Québec (commission Parent, de 1961 à 1966) et sur la situation de la femme au Canada (commission Bird, de 1967 à 1970). Le premier prix Elsie-Gregory-MacGill lui a d’ailleurs été décerné en 1986 pour son engagement féministe et multidisciplinaire et l’ensemble de ses activités. La création d’un fonds d’archives[3], une exposition : « Jeanne Lapointe, pionnière de la Faculté des lettres[4] » et un premier mémoire de maîtrise : « Le parcours critique de Jeanne Lapointe » (Raby 2007) ont amorcé le travail de mémoire que nous devons à cette précurseure, critique littéraire, intellectuelle et féministe de premier plan. Un livre – qui lui rendra hommage et fera mieux connaître son travail – est en préparation, mais nous voulons, pour ce vingtième anniversaire de la revue Recherches féministes, chère au coeur de Jeanne Lapointe, partager avec les lectrices et les lecteurs une partie de ses choix et de ses engagements.

Collaboratrice à Cité libre

Entre bien des disciplines, Jeanne Lapointe a choisi la littérature et s’est efforcée, pendant plus de 50 ans, de transmettre sa conviction profonde que la littérature est une discipline universitaire majeure : nécessaire à la pensée et à la prise de conscience personnelle et collective aussi bien qu’à la qualité des débats intellectuels, une discipline au coeur des enjeux idéologiques, culturels et sociaux, éthiques et politiques d’une société. À l’automne 1954, elle publie son premier article dans la revue Cité libre à laquelle elle collabore : « Quelques apports de notre littérature d’imagination[5] » (Lapointe 1954b : 17-36). Elle y affirme d’emblée que la littérature est à la fois « une prise de conscience, un art et une pensée » (Ibid. : 17). Avant de revenir sur cette définition de la littérature, qui est en soi tout un programme, examinons en quoi sa collaboration à Cité libre[6] constitue l’une des sources de sa vie intellectuelle. Première professeure d’université à Cité libre, Jeanne Lapointe est, durant les années 50, l’une des rares femmes à se voir accorder une crédibilité publique. Critique incisive et clairvoyante, innovatrice et avant-gardiste, Jeanne Lapointe assure un apport considérable à la modernité, à la modernité littéraire et à la pensée postmoderne du Québec. Elle est, à n’en pas douter, une précieuse artisane de la Révolution tranquille.

Cité libre se distingue, entre autres, par la dynamique initiale instaurée par ses membres – une équipe de jeunes intellectuels de disciplines et d’expériences diverses – qui discutent, en table ronde, de problèmes culturels et sociaux. Dès 1951, Gérard Pelletier, dans son article « Cité libre confesse ses intentions », précise qu’ils ont opté pour une rédaction collégiale :

Non, l’équipe de Cité libre ne compte pas de maître en son sein. Mais cela ne nous est pas nouveau; nous sommes une génération sans maîtres […] Cité libre est une communauté, sur tous les plans.

Pelletier 1951 : 7

L’équipe estimait que les opinions divergentes et dissidentes favorisaient la dynamique privilégiée par Cité libre, c’est-à-dire celle du dialogue. Un véritable rapport intellectuel – autour d’idées vraiment échangées, soupesées, débattues, discutées avec l’autre, les autres – s’élaborait. Dans son article « Réflexions sur le dialogue », paru en mai 1951, Robert Élie affirme que le dialogue est aussi essentiel que vital : « je ne doute pas qu’il soit nécessaire de l’engager loyalement si nous voulons que la vie commence, non pas demain, mais aujourd’hui même ». Il estime que le dialogue constitue pour chacun une « recherche de la plus haute expression de sa destinée », qu’il est « présence aux autres, adhésion totale au présent » et que, précieux sésame, il « ouvre véritablement les voies de la création ». Jeanne Lapointe, précisons-le, formera avec Robert Élie et Jean Le Moyne un remarquable trio de critiques littéraires à la radio puis à la télévision de Radio-Canada, de 1955 à 1960. Dans son apologie du dialogue et de l’entretien, Élie (1951 : 31-37) résume les règles d’une poétique du doute et de l’interaction, urgente et salutaire :

[Nos] convictions […] ne nous paraissent jamais inébranlables. Toutes soulèvent plus de questions qu’elles n’en résolvent. [Nous devrons] prolong[er] notre pensée […], nuancer nos positions de départ et les corriger sur plus d’un point. Nous accueillerons avec joie cette réponse inquiétante, mais salutaire […] Il ne saurait donc s’agir d’imposer nos convictions, puisque nous ne les proposons qu’afin de poursuivre un dialogue qui ne doit jamais se terminer.

1951 : 31

Élie devance L’entretien infini de Maurice Blanchot et, 30 ans avant la réflexion postmoderne élaborée – au Québec précisément – par Jean-François Lyotard, dans La condition postmoderne[7] (1979), l’art de l’incertitude, au coeur de l’entretien intellectuel, constitue chez Cité libre un excellent antidote contre les dogmatismes et leur cohorte de préjugés. L’essai de Lyotard a effectivement été rédigé à la demande du président du Conseil des universités auprès du gouvernement du Québec. Jeanne Lapointe, après ses travaux à la commission Parent et pendant ceux de la commission Bird, a été membre du Conseil supérieur de l’éducation et du Comité des universités du Conseil des arts du Canada. La participation de Jeanne Lapointe au débat d’idées en cours à l’époque reste à déterminer.

Suivant ces principes, une prudence discursive et un art de la nuance, les textes publiés dans la revue sont présentés comme les témoins, les résultats de discussions ou d’échanges antérieurs, d’une création évolutive (work in progress), d’une « pensée en mouvement ». D’autant plus qu’ils constituent souvent un appel à un éventuel interlocuteur, politique, clérical ou gouvernemental. Robert Élie (1951 : 33) affirme d’ailleurs que le dialogue « ne donnera tous ses fruits que si les autorités acceptent de répondre aux questions ». Ces destinataires interpellés sont sommés de réagir, de dialoguer, à partir d’un constat établi par les membres de Cité libre au début des années 50 : la trop grande distance entre la culture idéalisée et la réalité vécue. La revue propose de mener « une enquête plus large ou un examen plus approfondi embrassant toute la réalité du problème de la culture et de notre avenir spirituel » (Vadeboncoeur, Blain et Blain 1952 : 11-12). La réforme du système scolaire au Québec – à laquelle, on le sait, Jeanne Lapointe participera de manière exceptionnelle –, les questions syndicales et politiques seront les chevaux de bataille de la revue qui nourrit le projet collectif d’une cité vraiment libre. Mais, pas de société libre sans individus libres!

Cette enquête – cette quête de nouvelles vérités – repose sur l’une des valeurs clés de la revue : celle de la justice sociale, renforcée par des droits et des libertés, individuelles et collectives. L’équipe de Cité libre s’empresse de préciser que la liberté intellectuelle ne correspond aucunement à une anarchie au nom de laquelle chaque personne exprimerait sa pensée sans l’enrichir de celle de l’autre ou l’exposerait dans le seul but d’exploiter cette liberté. Soucieux d’éviter les dérives et les écueils de l’individualisme et du solipsisme (postmodernes), ils souhaitent que la liberté soit encadrée : par une autorité qui, d’une part, impose à l’individu libre une responsabilité sociale (qui évite les voies du chaos) et qui, d’autre part, est assujettie aux libertés et droits fondamentaux des individus et de la collectivité qu’ils appellent de leurs voeux. Les idées, les leçons et les devoirs des citélibristes ne cesseront plus d’être relayés avec brio – voire stimulés – par Jeanne Lapointe.

La communauté universitaire

En 1938-1939, notre jeune diplômée de lettres avait suivi les cours de la nouvelle Faculté des sciences sociales fondée par le dominicain Georges-Henri Lévesque. Elle allait y côtoyer, dans des échanges qui préfigurent ceux de Cité libre, Jean Marchand, André Giroux, Maurice Lamontagne, Maurice Tremblay, Albert Faucher, Gérard Bergeron, Roger Lemelin, Robert Cliche, Jean-Charles Falardeau, Jean-Charles Bonenfant, Fernand Dumont… Dans l’effervescence et le bouillonnement intellectuel et politique, les échanges entre disciplines – leur métissage solidaire – étaient alors constants. En septembre 1956, invitée par le père Lévesque à un colloque d’un soir avec quelques personnes « cruelles », la jeune intellectuelle ne manque pas, dans l’exorde à sa communication intitulée « La prédication et son auditoire » (Lapointe 1956), de défendre son « devoir d’une entière franchise ». L’automne précédent, dans un article aux accents beauvoiriens publié dans Le Devoir littéraire, sous le titre « Pour une morale de l’intelligence » (Lapointe 1955b : 19), elle avait, contre le dogmatisme et l’obscurantisme, les préjugés et la peur, une culture idéalisée mais mortifère, résolument pris parti pour « l’expérience authentique des valeurs spirituelles ». Le 15 mai 1958, la jeune professeure de littérature ose proposer devant la Commission du programme de la Faculté des arts de l’Université Laval un mémoire intitulé « Humanisme et humanité » (Lapointe 1958 : 1-22) dans lequel elle va défendre l’alliance des deux :

L’humanisme, avant de désigner un ensemble d’attitudes et de caractères qui font de l’homme un être digne de ce nom, avant d’être une éthique, l’humanisme est […] une conception du monde et de la vie […] fondée sur l’éminente dignité de l’être humain; et de l’être humain complet, avec sa raison, bien sûr, mais aussi, avec son intuition et sa sensibilité, avec sa volonté, son imagination et ses sens.

Jeanne Lapointe a l’audace et le courage, devant un auditoire essentiellement masculin et clérical, et en recourant à des formules-chocs, de dénoncer des habitudes ancestrales d’obéissance et d’humilité (« la fierté n’est pas le contraire de la modestie ; elle est le contraire de la bassesse » et un « détournement du spirituel » :

On est catholique d’allégeance et de pratique, et l’on se croit ainsi dispensé parfois d’être un être humain digne de ce nom […] L’homme janséniste devait anéantir sa propre personne : « Le moi est haïssable. » Faut-il alors s’étonner, lorsqu’on cherche aujourd’hui comment aborder la réforme de notre enseignement secondaire, que l’on ait souvent à constater, dans les écoles comme ailleurs, une pénurie de personnalités, et le manque d’initiative, d’invention, de liberté créatrice. La crise religieuse dont les signes sont de plus en plus nombreux et manifestes dans notre milieu n’est pas une simple crise d’anticléricalisme, elle n’est même pas du tout cela je crois. C’est une crise intellectuelle et spirituelle. Et cette crise ne pourra aller qu’en s’aggravant pour les générations qui nous suivront si l’on ne tente pas, dès maintenant, de la résoudre d’abord du côté des maîtres.

Lapointe 1958

Féminisme et laïcité se relaient dans ses propos :

Il y aurait à étudier soigneusement quelle notion […] se font de la femme la plupart des religieux enseignants, et quelle attitude plus ou moins faussée ils sont parfois susceptibles de transmettre. Il me semble qu’un collège où environ la moitié du personnel serait religieux et l’autre moitié laïque offrirait à ses élèves une atmosphère assez favorable à un épanouissement équilibré.

Lapointe 1958

La laïcisation et la démocratisation de l’enseignement, la mixité et la gratuité scolaires, l’accès des femmes aux études classiques et supérieures, puis à l’enseignement classique et universitaire, la création des cégeps, et du ministère de l’Éducation, entre bien des recommandations innovatrices, feront partie du rapport de la commission Parent. En 1958, dans ce remarquable – inédit et méconnu – mémoire « Humanisme et humanités » (qui a certainement contribué à ce qu’on lui propose de devenir membre de la commission Parent), Jeanne Lapointe défend, pour faire échec à l’autorité assénée, aux savoirs et aux vérités imposés, le libre exercice du jugement critique :

Il faudrait soigneusement analyser les modalités et les conséquences, dans notre milieu, de la suprématie de l’autorité sur le jugement critique et les conséquences du rabaissement de l’homme et de la science, ou celles du rabaissement du jugement personnel et de la sensibilité, dans notre conception de la vie terrestre, et en particulier dans notre conception de l’éducation. Parce que la raison fonctionne non pas tant de façon autonome – avec les risques d’erreur et de modestie que cela comporte –, mais appuyée toujours sur une autorité indiscutable, elle peut tendre à s’imposer aux autres disciplines sous forme d’une sagesse euphorique et impérialisante, qui a à peu près fini, elle, de trouver ses conclusions et la réponse aux questions humaines.

Lapointe 1958

De la littérature

Le déficit de liberté et des libertés individuelles a toujours révolté Jeanne Lapointe : « Il y a un mot que tout le monde prononce, mais sans y croire, dans la peur, et plusieurs même en le détestant : c’est le mot liberté. » (Lapointe 1958) Et le meilleur terreau de la liberté se trouve bien, à ses yeux, dans le langage qui fonde la subjectivité (est ego qui dit et écrit « ego ») et l’intersubjectivité; dans « le courage, l’audace, la liberté » de dire, dans le dialogue avec soi et l’entretien avec l’autre authentiques, dans la littérature et la création véritables :

Un langage est une communication; il suppose courage intérieur et liberté véritable. Et il n’est pas de style sans quelque intensité et sans passion. On aura beau enseigner à tous un merveilleux français, nous pourrons cependant rester éternellement inarticulés et muets si nous avons peur, si nous sommes paresseux et apathiques, si notre intelligence dort, ou s’il n’y a personne avec qui communiquer. Pas de langage véritable, sans une présence humaine véritable à la source. Le courage, l’audace, la liberté nécessaires à celui qui parle doit rencontrer courage, audace et liberté chez celui qui écoute. Car la parole, pour devenir communication, doit traverser des épaisseurs de résistance chez l’un comme chez l’autre. Tout verbe véritable comporte une audace. C’est pourquoi on peut supposer que toute oeuvre littéraire de quelque grandeur fut, en son temps, un choc, un élément de bouleversement. Tout langage, toute littérature, et toute création [y compris dans la science, dans la philosophie], sont le lieu de la plus profonde liberté, le terrain où germent toutes les questions et les mises en question.

Lapointe 1958

Jeanne Lapointe achevait d’ailleurs son article de 1954 par ces mots : « Est-ce tout à fait un hasard si trois de nos écrivains les plus productifs sont précisément des êtres qui n’ont pas subi ces moules scolaires, qui ont dû découvrir eux-mêmes leur propre perspective du monde? » (1954b : 36) Pas de raison et de création véritables sans « éthique de l’expérience intérieure », sans la contribution de tous nos sens et de notre imagination, pas de tête sans coeur et sans corps : « une pensée vivante » comme la conçoit Louise Dupré (1990 : 21-27). Jeanne Lapointe, témoin intime d’un drame, en a tiré des leçons… Après Abélard ou Mozart assassinés, Saint-Denys Garneau assassiné… Dans l’article qu’elle lui consacrera bien plus tard, Jeanne Lapointe (1960 : 26, 32) analyse causes et effets, tisse des liens :

Notre système d’éducation reste profondément marqué de cette peur profonde de la réalité à aborder de front, sans système préconçu […] Le faux sérieux, fondé sur la méfiance à l’égard du sensible, à l’égard du littéraire, à l’égard aussi de tout le monde féminin, voilà autant de signes, dans notre monde, de peur devant le réel et la vie.

Jeanne Lapointe repère et dénonce « un manque de foi dans la vie, de foi tout court », une peur de la vie, de la réalité et des femmes; sa conclusion a la force d’une volée de bois vert : « Mal apprendre de cette façon est encore plus désastreux que mal apprendre par l’expérience directe de la vie. Parce qu’une éducation mal faite arrive à fournir des fausses bonnes raisons de mal vivre. » (1960 : 32) Si les cousins Hector de Saint-Denys Garneau et Anne Hébert écrivent tous les deux « dans la maison du père[8] », Anne Hébert est résolument du côté d’Héloïse, d’une pensée vivante, de philosophies et de théories qui se réenchantent au contact de la pratique, de la vie, de la chair, des femmes, de la dignité, du monde[9]. Anne Hébert, dans « Poésie, solitude rompue » (1992 : 63) cite à propos Albert Camus : « Une littérature désespérée est une contradiction dans les termes. » Et elle poursuit, dans une belle – laïque et inédite – métaphore eucharistique : « Et moi, je crois à la vertu de la poésie, je crois au salut qui vient de toute parole juste, vécue et exprimée. Je crois à la solitude rompue comme du pain par la poésie. »

Jeanne Lapointe n’a cessé de valoriser et de défendre le statut et le travail des écrivains et – surtout – ceux des écrivaines. Les nombreuses dédicaces qui figurent dans ses livres nous renseignent sur ses activités – de mentor, première lectrice, correctrice, critique et agente littéraires – dans l’élaboration et l’aboutissement d’une oeuvre littéraire. Dans une lettre adressée de Paris, le 26 décembre 1956, au doyen de sa faculté, Mgr Félix-Antoine Savard, Jeanne Lapointe exprime clairement ses choix :

Un deuxième voyage, comme celui-ci, à un moment où l’on a atteint une certaine maturité et pas mal d’esprit critique, est infiniment profitable. On va beaucoup plus directement vers ce qui est utile […] Si j’avais eu, pour ma part, à choisir entre une production personnelle et l’accumulation de notions nécessaires à un meilleur enseignement, je me serais peut-être réfugiée dans un village de province au lieu de hanter la vieille Sorbonne. Mais la tentation que j’aurais d’écrire ne signifie pas nécessairement que j’aurais le talent et l’authenticité qu’il y faut. C’est pourquoi, lorsque je vois chez nous un véritable écrivain, je souhaite tellement qu’il puisse donner le meilleur de lui-même.

Fonds P 474

Son rôle de protectrice des arts et des lettres, de la culture et de la langue d’ici sera considérable[10]. En mai 1944, Jeanne Lapointe invite ses collègues et amis, Luc Lacourcière[11], Félix-Antoine Savard et Marius Barbeau (qui venaient de créer les Archives de folklore de l’Université Laval), à « faire connaître le folklore du Québec d’un océan à l’autre » (grâce à Joan Dangelzer du réseau anglais de Radio-Canada. La journaliste, qui avait collaboré avec Pierre Lazareff à l’information de guerre américaine, préparait une série d’émissions sur les femmes canadiennes. Marie-Claire Blais publie à 20 ans son premier roman, La Belle Bête, en 1959, grâce à l’appui du père Georges-Henri Lévesque et de Jeanne Lapointe. En 2006, dans son hommage intitulé « Jeanne Lapointe, une femme en avance sur son temps », Marie-Claire Blais exprime sa gratitude toujours vive : « […] nous partagions avec elle cette impatience qui ferait éclater bien des emprisonnements et frontières […] son don le plus précieux fut celui de cet amour inaltérable de la littérature » (2006 : 223-4). Le fervent dialogue maître-élève a manifestement porté ses fruits et un relais a été passé. La dédicace de Marie-Claire Blais à la réédition de ses romans Le jour est noir suivi de L’Insoumise (1990) est éloquente : « Chère Jeanne / Il ne faut pas relire ces textes d’un si lointain passé où le labeur de l’écriture n’en était qu’à ses débuts, l’essentiel est que nous ayons continué la lutte, et cela souvent sans que vous le sachiez grâce à votre appui » (Fonds P 474).

Imprimer à ce monde un sens

Cette lutte à poursuivre, pour plus de justice et de dignité, est indissociable d’une culture et d’une littérature véritables. En 1955, dans une série de quinze entretiens à Radio-Canada intitulée « L’écrivain et son style », notre critique littéraire défend une conception du « style » qui n’a rien de banal (Lapointe 1955a). Elle la peaufinera dans son mémoire « Humanisme et humanités » :

Pour que le langage devienne style, il y faut quelque intensité, un élan venu de l’être. Et que ce contact avec autrui devienne un contact passionné. Le style, selon Proust, est une question « non pas de technique, mais de vision ». On pourrait parler d’une sorte de résonance ontologique. La littérature n’aurait-elle pour effet que de nous rendre nous-mêmes plus éveillés, plus attentifs à la vie et aux êtres, plus capables de sympathie à l’égard de l’univers, elle serait déjà une richesse inestimable, et dont on n’a pas le droit de priver un enfant, un jeune homme ou une jeune fille. Le langage chargé de sens, d’intentions et de sensibilité, se rapproche d’une culture au sens le plus large, c’est-à-dire d’une saisie profonde et réelle du monde ambiant et des moyens donnés à l’homme pour imprimer à ce monde un sens.

Lapointe 1958

L’académicienne et helléniste Jacqueline de Romilly, passionnée elle aussi par l’Éducation, a repris et développé ce point de vue dans son bel essai Le trésor des savoirs oubliés (1998). Si le dialogue « ouvre véritablement les voies de la création » affirmait Élie (1951 : 37), c’est grâce à « la confrontation intérieure la plus authentique », « un art poétique étroitement lié à une éthique de l’expérience intérieure » (1954b : 34), précise Lapointe dans son article de 1954, plus précisément au sujet de Saint-Denys Garneau et d’Anne Hébert. La langue, la littérature, est bien d’abord, à ses yeux, le gage d’existence d’un sujet authentique, qui dialogue d’abord avec Soi, s’essaie, se confronte dans la souffrance, l’inquiétude, le désarroi, l’exaltation, la jubilation, le bonheur, avant de reprendre l’exercice, l’épreuve, avec l’Autre puis avec le Monde[12]. La littérature, d’abord gage d’existence, est aussi un précieux « outil » artistique, voire une arme de combat. Au début des années 80, Jeanne Lapointe a restructuré, avec la collaboration de Réal Ouellet et de Chantal Théry, le cours d’introduction au genre de l’essai – « Lectures et formes libres » – en trois parties : rapport à soi (journal intime, autobiographie…), à l’autre (correspondance, entretien…) et au monde (textes critiques, polémiques…). Lucie Robert développe en ses termes la définition de la littérature de Jeanne Lapointe, prise de conscience, art et pensée (1989 : 210) : « La spécificité du littéraire se trouve dans le sujet individuel, dans la valeur esthétique, dans une démarche spéculative qui tente d’élaborer une vision personnelle du monde. » Pour mieux décrypter le « contenu latent » d’un texte littéraire, ce qui échappe au « contenu manifeste[13] », Jeanne Lapointe mettra à profit ses études parisiennes, en linguistique, en sémiologie et en psychanalyse[14] : « Nous savons, disait-elle déjà à son auditoire de mai 1958, depuis l’avènement d’une psychologie mieux comprise et d’une psychanalyse qui est l’une des plus grandes découvertes de notre temps, que la sensibilité et l’imagination agissent très puissamment, dans l’ombre, sur l’intelligence et la volonté. » (Lapointe 1958) Son opinion est audacieuse, car la psychanalyse n’a pas bonne presse dans les milieux cléricaux. En effet, en septembre 1952, le pape Pie XII mettait le monde en garde contre la psychanalyse, cette « doctrine dangereuse [qui transgresse] la limite morale » (cité dans Pongis-Khandjian, 2001 : 118). « La violence de l’inconscient effraie; le conscient, la volonté, l’élan religieux doivent le contrôler[15]. » (2001 : 118). Malgré tout, à l’Université Laval, Jeanne Lapointe et son collègue Raymond Joly allaient créer le Cercle de littérature et de psychanalyse, rattaché à l’Institut supérieur des sciences humaines alors dirigé par le sociologue Fernand Dumont. Le dialogisme interdisciplinaire se traduit, en février 1964, dans le colloque complice « Littérature et société » dans lequel Jeanne Lapointe (1964) commentera l’exposé de Fernand Dumont, « La sociologie comme critique de la littérature ». Tous deux étaient persuadés que la littérature est un précieux médium sociocritique et que, entre lettres et sciences humaines, fils de trame et de chaîne se tissent avantageusement[16].

Féministe

Sujet femme en situation inusitée dès les années 30, critique littéraire, intellectuelle, psychothérapeute et professeure, Jeanne Lapointe vit des prises de conscience – et tout particulièrement après ses travaux à la commission Bird sur la situation de la femme au Canada[17] – qui vont vivifier et aiguiser son féminisme. Elle crée ses cours et séminaires multidisciplinaires féministes durant les années 70[18], participe à la fondation du Groupe de recherche multidisciplinaire féministe de l’Université Laval (GREMF) et y collabore, est membre du comité sur la recherche non sexiste au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et publie, avec Margrit Eichler, Le traitement objectif des sexes dans la recherche (1985), dote la fondation RAF (Recherche et action pour les femmes), etc.

Une des grandes écrivaines et penseuses féministes québécoises, Louky Bersianik, a dédicacé son magistral essai-fiction Lepique-nique sur l’Acropole (1979) à Françoise d’Eaubonne, Luce Irigaray et Jeanne Lapointe. Dans une lettre datée du 10 juillet 1976, Bersianik (1976) écrivait à Jeanne Lapointe :

Si jamais ce livre est une réussite, c’est à vous que je le devrai […] En parlant de « parleuses », j’en vois une dans mon « pique-nique de têtes…» qui a une voix chaleureuse, votre air moqueur et votre bonne humeur… en plus de votre science psy! quelle pique-niqueuse! Puis-je m’inspirer de vous sans trop blesser votre modestie?

Aphélie au bleu regard, sans doute… On imagine fort bien les Parleuses[19] de Camille Claudel en lieu et place du Penseur de Rodin : l’art du dialogue et de la maïeutique… au féminin! De la théorie… mais le dimanche[20]! Dans cette parodie, cette réécriture du Banquet de Platon, ces « parleuses » à l’esprit vif et critique, à la parole et à l’humour libres, reconsidèrent l’histoire de la philosophie… et de la psychanalyse… Le sous-titre de l’essai, Cahiers d’Ancyl. Fiction ? et ?, rappelle Les Cahiers de Cité libre ou Les Cahiers noirs de l’Institut de psychothérapie de Québec (où Jeanne Lapointe a étudié et travaillé au début des années 70) dans lesquels les équipes, autocritiques, notaient leurs discussions, analysaient une idée, une pensée en mouvement, évaluaient la progression d’un travail, d’une thérapie… L’histoire de l’Histoire, les métarécits sont réévalués et Aphélie – qui connaît, n’en doutons pas, les recherches de Veyne, Foucault, Lyotard ou Ricoeur[21] – confie à ses soeurs, convives et conférencières du Pique-nique sur l’Acropole, que

[l]’histoire de l’humanité qu’on nous a donnée pour vraie est un grand roman de science-fiction […] un grand roman policier aussi, plein de meurtres anonymes où l’on a fait disparaître les corps […] de sorte que les gens ne croient pas à la réalité de ces meurtres.

Bersianik 1979 : 77

Science, Vérité et Objectivité en crise, Réalité, Essai et Fiction confrontés, doivent composer avec de nouvelles H/histoires[22], de nouveaux savoirs et de nouvelles théories. Jeanne Lapointe aimait particulièrement Roland Barthes – qu’elle a bien connu –, ses Mythologies, ou sa magistrale Leçon (1978) : « La science est grossière, la vie est subtile, et c’est pour corriger cette distance que la littérature nous importe. »

Tout écrivain ou toute écrivaine véritable tente, par un exigeant travail de création et d’ascèse, de médiation et de traduction, de déchiffrer des vies, des événements, des émotions, « Entre la dictée de l’inconscient et le tremblement de la conscience », selon le titre du bel article de Louky Bersianik dans La Passion au féminin (1994). « La littérature, la poésie, est plus libre que soi », affirme Bersianik, que nous résumons ici : la nécessaire im-pertinence de toute création véritable ne peut re-produire du sens, du pré-conçu; en explorant notre espace intérieur, mental et sensible, sentimental et émotionnel, en « mots-delant » l’écriture (qui travaille toujours à notre insu), on découvre de nouvelles pertinences, bouleverse les mots, la langue, au point d’y laisser ses vieux ori-peaux : magnifique mue, audace des mutations. « Déplacer la parole, c’est faire une révolution », disait Barthes. Nathalie Sarraute, à qui nous devons une ingénieuse autobiographie dialoguée, Enfance, a été invitée à l’Université Laval par Jeanne Lapointe, acquise à ses « tropismes » (dialogues intérieurs et sous-conversations, proches du stream of consciousness woolfien ou proustien). En analysant Vous les entendez? de Sarraute[23], Lapointe compare l’écriture à une sorte d’acting out : grâce à l’art, des réactions impulsives, une émergence du refoulé – sous la forme de lapsus, de je-ux ludiques, de rires, de liens inédits –, une prise de conscience aux vertus éminemment thérapeutiques et ontologiques s’effectue, une pensée véritable peut alors émerger, s’élaborer, s’affirmer. Analyste, thérapeute, critique littéraire, Jeanne Lapointe n’a cessé de se pencher avec respect sur ce « tiers essentiel », de l’analyser avec passion : faire des liens, établir des ponts, panser des blessures, effectuer des transferts, chercher « les mots pour le dire », traduire.

En 1959, Jeanne Lapointe avait conçu un projet inusité en proposant à une poète québécoise et à un traducteur (du français à l’anglais) de rendre compte de leur travail commun, du processus de traduction, de leur interlocution. Ce sera Dialogue sur la traduction. À propos du Tombeau des rois[24], de Anne Hébert et de Frank Scott. Dans « Une petite aventure en littérature expérimentale », Jeanne Lapointe (1970) se réjouit de son initiative : « on n’a jamais pu lire encore, me semble-t-il, le genre d’entretien admirablement subtil et juste qui s’établit ici entre deux poètes commentant une même oeuvre – leur oeuvre à tous deux – contemplée dans deux lumières différentes », deux langues; elle rend compte de leur patient travail d’alchimiste (1970) : « Le délicat ajustement de lentille dont [Franck Scott] parle dans cette lettre ressemblait aussi à l’opération qui consistait à peser, sur la plus sensible balance, les infiniment mobiles résonances du langage affectif et poétique. » Dans sa préface à la réédition de 1970, Northrop Frye salue l’expérience : « une traduction […] de qualité peut devenir une élucidation critique ».

Une éthique du dialogue

Écoute interactive, compréhension mutuelle, ajustement, nuance, subtilité, droit de réponse, dialogue ininterrompu[25]… Jeanne Lapointe, critique outrecuidante[26], avait donné à lire son premier article à Félix-Antoine Savard. Devant la réaction bouleversée de ce dernier – « En tout cas, ma chère Jeanne, vous avez agrandi le champ de mes inquiétudes » (1954 : 39) –, et fidèle à la politique de Cité libre, elle lui écrit en février 1954 (Lapointe 1954a) :

Consentiriez-vous à laisser publier, à côté de l’article dont vous ne partagez pas les opinions, la lettre que vous m’avez adressée à ce propos; […] on y verra […] en outre que des gens d’opinion contraire peuvent se parler avec amitié et respecter les idées des autres[27].

Nous sommes étonnées, à la lecture de textes et de correspondances des décennies 1940-1970, par la volonté respectueuse des interlocuteurs (malgré des divergences considérables) de poursuivre ensemble dialogues et entretiens, en toute solidarité intellectuelle, au service – on peut parler de sacerdoce intellectuel – de l’université et de la société[28].

Dans son mémoire « Humanisme et humanités », Jeanne Lapointe offrait à son auditoire de « repenser, renouveler et réadapter sans cesse à notre monde » les données d’un nouvel humanisme. Postmoderne et visionnaire, Lapointe décrivait un monde qui commençait à se mondialiser, qui s’ouvrait aux femmes, à la laïcité, à la démocratie, au respect des libertés et des droits de la personne, à d’autres cultures et à d’autres religions[29] :

On mettra aussi l’étudiant en contact avec les diverses manières de comprendre le monde, qui sont autant de facettes de la culture contemporaine : un excellent ouvrage de géographie humaine, de sociologie contemporaine, une synthèse d’histoire, de philosophie… Et pour nous rappeler que la culture occidentale n’est que celle de l’Europe et que peut-être l’humanisme de l’an 2500 (si l’Ère humaine n’est pas terminée) aura intégré les cultures d’Asie, avec leurs démarches intellectuelles utilisant les pouvoirs de l’esprit de façon très différente de nos habitudes, on fera lire aux étudiants une oeuvre orientale (chinoise ou hindoue), et une étude sur les perspectives que nous ouvre le contact avec le monde afro-asiatique en pleine évolution, mais dont les civilisations ont précédé la nôtre de plusieurs millénaires.

Lapointe 1958

Malgré son travail d’universitaire, de théoricienne, de professeure et de chercheuse de premier plan, Jeanne Lapointe n’a jamais pratiqué la langue de bois! Les méthodes et outils théoriques, scientifiques et rigoureux, lui ont été précieux, mais sa volonté de dialoguer, d’explorer l’entre-deux, son souci du monde[30], son exigence de toujours partir de la vie humaine, de la réalité, des réalités, du quotidien, de l’expérience, pour mieux y revenir, l’ont emporté. Elle n’a jamais enseigné « la littérature pour elle-même », mort de l’auteur ou de l’auteure en sus, et s’est fait un devoir de ne trahir ni son peuple ni ses étudiants et étudiantes[31]. Ces hautes et difficiles exigences l’ont amenée – modeste mais fière, jamais en quête d’honneurs ou de reconnaissances institutionnelles – à effectuer un incessant parcours entre pratique et théorie, concret et abstrait, apprentissages et enseignement, action et recherche, femmes et hommes, auteures et auteurs, contre-culture et culture dominante.

La plupart de ses articles et communications se faisaient dans l’urgence et résonnaient, comme des coups de poing de colère et d’indignation, contre l’injustice et la violence[32], surtout celles qui étaient et sont encore faites aux femmes et aux enfants. Jeanne Lapointe, mère courage, Mulierem fortem quis inveniet? Longe super gemmas pretium eius[33], aurait sans doute volontiers (après ses commissions Parent et Bird) participé à la commission Bouchard-Taylor (penseur bicéphale qui n’a pas accordé de place à des femmes commissaires). Les audiences publiques – encadrées avec vigilance, intelligence et dignité, et elle en avait l’expérience – favorisent toujours les débordements de la doxa, les chats qui sortent intempestivement des sacs, l’expression maladroite des peurs et des inconscients, et c’est tant mieux… Les « recteurs politiques » et les moralistes effarouchés ne permettent guère d’y voir vraiment plus clair, de se donner finalement de bonnes raisons et les meilleurs moyens pour « vivre ensemble », plus harmonieusement, dans le présent et l’avenir. Petite question pratique : quels livres, quels auteurs et auteures du Québec, quelles clés culturelles (chansons, pièces de théâtre, films, oeuvres d’art, etc.) devrait-on d’ailleurs proposer, offrir à nos immigrantes et à nos immigrants récemment arrivés?

Edgar Morin, interviewé à la sortie de son dernier essai, Éthique, met à sa façon ses pas dans ceux de Jeanne Lapointe, de Hannah Arendt[34] ou de Jacqueline de Romilly avant lui :

Dans le dernier volume de « la Méthode », je n’ai pas voulu faire un travail classique sur l’éthique qui aurait tracé son chemin à travers le maquis des références philosophiques, d’Aristote à Spinoza et de Bergson à Jankélévitch. J’ai construit ma réflexion sur un autre socle, celui de la pensée complexe. Je pars aussi de mon expérience de vie, et j’accorde grande importance à la littérature. Car c’est à travers la littérature, la poésie et le roman qu’ont surgi, de la façon la plus concrète, la plus émouvante qui soit, les problèmes éthiques qui nous préoccupent.

Morin 2004

L’authenticité et l’art réapparaissent comme de « nouvelles valeurs » nous annonçait le journaliste Fabien Deglise (2007) dans son dossier du Devoir en septembre 2007. Éternel retour… Mais que s’est-il passé en ce tournant du XXIe siècle alors que nous étions sur une si bonne lancée durant les années 70? Quelles éclipses et ellipses, quels lauriers trop tôt cueillis, quelles pauses indues, quels engouements trompeurs, quelles performances fébriles? Quels raccourcis ou virages déraisonnables avons-nous pris? L’intelligence et la clairvoyance, l’humour et le rire, les tables rondes et les francs – doux et cruels – entretiens, les colères et le fervent féminisme de Jeanne Lapointe nous manquent… « Soyons solidaires, remettons-nous à l’oeuvre », ne cessait-elle de dire! Notre mémoire « L’égalité entre les femmes et les hommes : une valeur fondamentale de la société québécoise » (signé par 52 professeures et chercheuses de l’Université Laval) a bien été présenté à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles (à Québec, le 4 octobre 2007) et le 20e anniversaire de Recherches féministes est, à n’en pas douter, une de nos récompenses. Aux féministes des deux sexes : Bonne fête! Et nous ne nous reposerons pas sur nos lauriers!