Corps de l’article

S’intéresser à l’évolution, aux luttes et aux revendications du mouvement étudiant québécois permet de revisiter quelques événements incontournables de l’histoire de notre société. Retracer les faits marquants de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM), l’une des plus importantes au Québec, est donc une initiative louable et instructive. Le trentième anniversaire de la FAÉCUM est l’occasion idéale pour s’intéresser à son histoire avec le recul nécessaire. Avec son ouvrage Histoire de la FAÉCUM (1976-2006), l’historien Denis Gravel a sans contredit répondu aux attentes de ceux qui désirent se remémorer les événements qui ont marqué l’histoire de la FAÉCUM. S’appuyant largement sur le livre Histoire de la FAÉCUM paru en 1994 sous la plume d’Éric Bédard, l’auteur reprend à son compte les années 1976-1994 déjà documentées et nous renseigne sur les années ultérieures. En outre, des textes de nature éditoriale, rédigés par des membres de la Fédération, ponctuent le récit permettant de comprendre les sentiments de ceux qui ont été au coeur des événements. Enfin, une liste exhaustive des membres du bureau exécutif (1976-2006) ainsi qu’un rappel chronologique des événements couronnent le travail.

L’auteur reconstitue les épisodes ayant forgé l’âme de la Fédération au fil de trente années d’existence. Des premiers balbutiements de la FAÉCUM, héritière de la défunte Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (AGEUM, 1921-1969), aux dernières grandes manifestations contre le dégel des droits de scolarité en 2005, en passant par la description des structures, le bar Le Clandestin, les journaux Continuum et Quartier Libre, les services aux étudiants, la radio CISM 89,3 FM, le Carnaval, et l’Entente Pepsi, pour ne nommer que ces exemples, l’ouvrage de Gravel rappelle les grands pans de l’évolution de l’institution. Du même souffle, le récit des grandes luttes de la FAÉCUM à l’échelle nationale évoque l’ancrage de l’association à la vie démocratique du Québec et permet de constater les impacts de son engagement social et politique sur la vie des étudiants et des Québécois. Il rappelle notamment les campagnes pour un meilleur accès aux études, contre le dégel des frais de scolarité ou contre la réforme Axworthy, les prises de positions souverainistes, les positionnements au regard des États généraux sur l’Éducation, les bourses du millénaire, la politique linguistique ou encore la campagne contre la Zone de libre-échange des Amériques.

Toutefois, le lecteur peu familiarisé avec le syndicalisme étudiant, ne connaissant ni les instances ni les structures complexes de la FAÉCUM, ou encore celui qui tout simplement n’a jamais connu le milieu universitaire, se trouvera malheureusement dépourvu de repères et il sera rapidement las d’une description aride d’événements dépassant rarement l’environnement immédiat du campus de l’Université de Montréal. Un ancrage plus systématique des événements dans le contexte sociopolitique québécois de l’époque mettrait en effet en perspective ces événements et l’importance de la FAÉCUM et du mouvement étudiant dans l’histoire du Québec contemporain. L’ouvrage s’adresse donc à un lecteur averti, initié, passionné sinon militant qui désire, à travers un récit descriptif, retracer les événements et les assises de la FAÉCUM afin de continuer à bâtir le futur ou encore à un lecteur qui souhaite approfondir le parcours de certains de nos dirigeants et leaders politiques, nombreux à avoir fait leurs classes dans cet univers militant étudiant.