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Les banques alimentaires dans les communautés francophones d’Ottawa : à la fois stratégies et barrières à la sécurité alimentaire?

Michelle Anawati
École de service social, Université d'Ottawa

La sécurité alimentaire renvoie à un état selon lequel les personnes ont accès, en tout temps, dans la dignité, à suffisamment d’aliments pour pouvoir mener une vie saine et active. Ceux et celles qui ne le peuvent pas vivent une situation d’insécurité alimentaire. Au Canada, à chaque jour, des milliers de personnes, incapables de subvenir à leurs besoins de nourriture par les méthodes d’achats, ont recours à une banque alimentaire. Ainsi, les banques alimentaires sont devenues des structures permanentes, malgré leur intention première d’être une ressource temporaire.

Ce mémoire tente de mieux comprendre les rôles des banques alimentaires, plus particulièrement dans les communautés francophones, ainsi que les approches qu’on y met en place, et de mieux cerner les perceptions de l’insécurité alimentaire véhiculées par les personnes qui y oeuvrent. La recherche tente ultimement de développer des pistes de réflexion ouvrant la voie à d’autres conceptions de l’insécurité alimentaire, afin d’améliorer les stratégies en place pour la combattre.

Il s’agit d’une recherche qualitative s’appuyant sur des entrevues semi-dirigées avec sept intervenantes oeuvrant dans les banques alimentaires dans l’Est de la ville d’Ottawa, situées dans des communautés à forte densité francophone. L’analyse des propos des répondantes touche plusieurs aspects de l’insécurité alimentaire, notamment la place des banques alimentaires dans nos communautés, le sens donné à leur intégration dans les centres de ressources communautaires, les impacts de leur dépendance sur les dons, avec les limites, les contraintes et les malaises qui en découlent et finalement, la portée des efforts de transformation d’une approche caritative vers une approche plus communautaire. Les répondantes ont aussi partagé plusieurs stratégies qu’elles emploient pour pallier aux limites des banques alimentaires, ce qui contribue, entre autres, aux changements dans la perception des causes de l’insécurité alimentaire et des mesures en place pour la combattre.

Entre les deux, mon coeur balance. Les effets des placements en ressource d’accueil sur le développement psychosocial des enfants.

Laurie Aunos
École de service social, Université d'Ottawa

La protection des enfants et des adolescents est une des priorités de la société actuelle. À travers le Canada, des lois ont été développées et mises en application, tant pour assurer aux enfants un environnement sécuritaire et convenable, que pour permettre aux agences officielles de la protection de l’enfance de retirer de sa famille d’origine l’enfant dont le milieu ne répond pas adéquatement à ses besoins. C’est sous ces législations que le placement dans une ressource d’accueil d’enfants abusés, négligés, abandonnés ou échappant au contrôle parental s’effectue quotidiennement, dans des situations où le milieu d’origine compromet le développement et la sécurité de l’enfant. La famille d’accueil, le foyer de groupe ou la famille élargie de l’enfant sont alors utilisés, dans l’objectif d’offrir pour une période indéterminée un environnement plus stable et répondant davantage aux besoins particuliers de l’enfant. Cependant, quelles garanties permettent d’affirmer que le placement dans ces ressources d’accueil répond véritablement aux besoins des enfants retirés du foyer familial? En d’autres mots, quelles sont les conséquences sur le développement psychosocial du retrait d’un enfant de son milieu d’origine et de son placement dans un environnement généralement inconnu? L’enfant placé aurait-il plus de difficultés cognitives, psychologiques, sociales et émotionnelles, tant pendant son enfance et son adolescence que durant son parcours de vie? Qu’advient-il de ces enfants à l’âge adulte?

Afin de répondre à ce questionnement, ce mémoire analyse les impacts sur le développement psychosocial de l’enfant et son parcours vers l’âge adulte du placement dans des ressources d’accueil. L’analyse de contenu sur documents permet ici d’aborder les implications générales du placement à court et à long termes, ainsi que les différentes répercussions selon le type de ressource d’accueil utilisé. Le placement, le déplacement et le replacement d’un enfant dans diverses ressources d’accueil étant un phénomène courant, ce mémoire analyse également les nombreux impacts immédiats et futurs sur l’enfant des placements multiples.

Les résultats de l’étude révèlent que les enfants qui sont retirés de leur famille et placés dans un environnement inconnu démontrent généralement plus de difficultés aux plans émotionnel, psychologique, cognitif, comportemental, relationnel et académique tant pendant le placement que durant leur vie adulte. Ainsi, bien que le placement en ressource d’accueil protège physiquement les enfants abusés et négligés, le retrait d’un enfant de son milieu d’origine et son placement dans un environnement inconnu entraînent d’importantes répercussions sociales, psychologiques, cognitives, et comportementales. Les résultats de la recherche ont permis de proposer certaines pistes d’intervention en matière de soutien aux familles et de placement afin d’assurer une plus grande stabilité pour les enfants qui sont signalés à la protection de la jeunesse et, le cas échéant, une expérience de placement qui contribue mieux à leur développement psychosocial.

Pour que le rêve urbain ne devienne pas un cauchemar — un regard sur les approches mises de l’avant par trois organismes offrant un apport dans le champ du service social par et pour les Autochtones en milieu urbain

Véronic Bédard Mianscum
École de service social, Université d'Ottawa

La présence des Indiens de l’Amérique du Nord, des Métis et des Inuits est de plus en plus importante au sein des agglomérations urbaines canadiennes. En fait, plus de cinquante pour cent de la population autochtone se serait établie en contexte urbain de façon transitoire ou permanente depuis le milieu du 20e siècle.

Pour la plupart d’entre eux, cette mobilité s’expliquerait en grande partie par le désir de rechercher un style de vie meilleur. Cependant, l’expérience migratoire des Autochtones vers les villes constitue, pour certains d’entre eux, un défi de taille. D’abord parce qu’ils rencontrent de nombreuses difficultés tant sur le plan personnel que social. Ensuite, parce que les services et les programmes sociaux offerts aux Autochtones citadins par les établissements de la société dominante comportent plusieurs lacunes.

Le but premier de cette recherche exploratoire était de mieux connaître et de mieux comprendre les approches mises de l’avant par trois organismes (Centre d’amitié autochtone à Val-d’Or, Centre Ma Mawi Wi Chi Itata à Winnipeg, Centre Inuit Tungassuvingat à Ottawa) offrant un apport dans le champ du service social par et pour les Autochtones en milieu urbain. À partir de notre cueillette de données, nous avons tenté de voir si les approches, les services et les programmes sociaux offerts par et pour les organismes autochtones en contexte urbain répondaient bien aux besoins spécifiques de leur clientèle. Nous avons donc utilisé la méthode de recherche documentaire ainsi que celle de l’étude de cas pour la réalisation de ce mémoire.

Dans l’ensemble, notre analyse nous a permis de faire deux constatations : d’abord, que l’approche holistique et l’approche communautaire, toutes deux respectueuses de la culture, des valeurs et des traditions autochtones, étaient prônées dans les trois établissements à l’étude; ensuite, que ces trois organismes répondaient adéquatement aux aspirations de leur clientèle autochtone et allochtone.

La collaboration dans l’intervention avec les familles : mythe ou réalité?

Marie-Hélène Brunet
École de service social, Université d'Ottawa

Depuis les années 1970, le concept de la collaboration s’est intégré progressivement dans les pratiques du service social soucieuses d’offrir aux enfants et à leur famille des interventions répondant à leurs besoins. À ce jour, la collaboration demeure cependant un concept ambigu à définir et difficile à mettre en pratique. La présente étude s’intéresse à l’identification des enjeux principaux associés au concept de collaboration dans deux contextes d’intervention auprès des familles, soit volontaire et non volontaire. Elle vise également à mettre en lumière les facteurs qui maximisent les relations de collaboration et ceux qui la fragilisent. Le bref historique des interventions axées sur la collaboration présenté au début du mémoire permet de constater que, malgré l’importance du concept de collaboration, sa promotion et sa reconnaissance se sont faites très lentement dans les services s’adressant aux enfants et à leurs familles.

Sur le plan méthodologique, nous avons eu recours à une analyse documentaire pour faire un examen des articles scientifiques portant sur les interventions avec les familles axées sur la collaboration et ayant été publiées entre 1998 et 2006. Les résultats de cette analyse ont permis de mettre en relief les éléments fondamentaux associés au concept de collaboration, les pratiques qui préconisent ce type d’intervention et les rôles assumés par les travailleurs sociaux et les parents, ainsi que les obstacles qui nuisent à l’efficacité des relations de collaboration.

Le stress au pas cadencé : les défis reliés au travail des militaires canadiens

Sophie Charest
École de service social, Université d'Ottawa

L’objectif premier de cette recherche exploratoire était de mieux comprendre le phénomène du stress relié au travail dans le contexte occupationnel des Forces canadiennes. Plus spécifiquement, on cherchait à répondre à la question : « Autre que le stress post-traumatique, quels sont les effets du stress relié au travail des militaires des Forces canadiennes, sur leur famille? » Les données ont été recueillies auprès de cinq conjoints de militaires qui auraient vécu du stress relié à leur travail. Leur témoignage a servi à mieux comprendre ce problème, en révélant plusieurs causes possibles au stress vécu par les militaires, en parlant des effets de ce stress sur le militaire et sa famille et en expliquant les stratégies de coping employées. On a pu remarquer que les effets du stress que l’on percevait sur la famille étaient en lien avec la façon dont le militaire vivait ce stress. Par conséquent, ce sont les changements d’humeur chez le militaire, son impatience, sa distance, etc., qui provoquaient une réaction chez le conjoint ou les enfants du militaire. C’est alors qu’on pouvait noter les effets au sein de la famille tels : des frictions dans le couple; du stress chez le conjoint du militaire; ou un sentiment d’insécurité au sein de la famille. Les stratégies de coping principales employées dans ces situations comprenant la résignation, la recherche de support social, la communication, les activités de divertissements, les compromis et même l’évitement. Finalement, ces données ont été analysées en employant le modèle de Karasek et Theorell (1990), par lequel on a pu constater que le pouvoir décisionnel du militaire, ainsi que le support du superviseur, influence grandement la façon dont se vivra le stress dans ce milieu de travail. Dans l’ensemble, les résultats suggéraient qu’il y a des raisons de croire que le problème du stress professionnel est très présent au sein de l’organisation des Forces canadiennes et que ce problème impacte non seulement les militaires, mais leur famille aussi. Ainsi, on en arrive à la conclusion qu’il y a un réel besoin d’approfondir les recherches sur le stress relié au travail, autre que le stress de type post-traumatique, dans ce domaine occupationnel. De cette façon, il sera possible de mieux saisir toute l’ampleur et toutes les facettes de ce problème, pour finalement être en mesure de mieux le prévenir ou mieux intervenir.

« Ils ne veulent pas se tenir la main » Diversité et intolérance ethnoculturelle dans les écoles primaires : la perception des intervenants

Véronique Cloutier
École de service social, Université d'Ottawa

La diversité culturelle est devenue une caractéristique de plus en plus importante des grandes villes canadiennes. Cette réalité se reflète aussi dans la population étudiante des écoles primaires, qui doivent s’assurer de bien répondre aux besoins d’une population étudiante de plus en plus diversifiée sur le plan ethnoculturel. Par ailleurs, le côtoiement des diverses cultures dans les institutions scolaires peut faire émerger certains enjeux et défis tels que le racisme et l’intolérance ethnoculturelle. Les intervenants scolaires sont donc appelés à faire face aux multiples défis associés à l’éducation interculturelle, mais aussi aux problématiques engendrées par l’expression des manifestations d’intolérance entre les élèves.

Ce mémoire tente de mettre en lumière la perception des intervenants scolaires au sujet de l’intolérance ethnoculturelle vécue à l’école primaire entre les enfants. Notre objectif est de rendre compte des défis associés à la gestion de la diversité culturelle à l’école, des moyens mis en place pour faciliter l’intégration et la tolérance, des facteurs influençant la gestion de la diversité culturelle à l’école ainsi que des besoins du personnel pour répondre à cette problématique. Pour ce faire, nous avons entrepris une recherche qualitative au moyen d’entrevues semi-dirigées avec huit intervenants scolaires travaillant dans des écoles primaires ayant une importante composante multiethnique.

L’analyse de données a permis de comprendre davantage différents enjeux, défis et besoins associés aux questions d’intolérance et de diversité culturelle dans les écoles primaires. En effet, les répondants ont exposé les différentes formes d’intolérance pouvant se manifester entre les enfants à l’école, tout en expliquant leur perception face à la source du problème. De plus, l’analyse a mis en lumière la multiplicité des défis associés à la gestion de la diversité culturelle dans les écoles primaires, reliés, notamment, à la relation avec les parents, aux conflits de valeurs pouvant émerger, ainsi que des stratégies utilisées pour les surmonter. Les différents facteurs systémiques influençant la gestion de la diversité culturelle à l’école ainsi que les besoins des intervenants en lien avec cette question ont aussi été analysés. De plus, pour faire face aux obstacles liés à la réalité ethnoculturelle des écoles, les répondants ont identifié diverses pistes de réflexion et d’intervention reliées au contexte particulier des écoles primaires.

L’éducation à la citoyenneté sous la réforme des programmes scolaires au Québec ou comment mettre l’histoire au service de la cohésion sociale

Evelyne Crépeau
École de service social, Université d'Ottawa

La croissance des inégalités socio-économiques et le défi que constitue le « vivre ensemble » dans un contexte de pluralisme ont contribué à une remise en cause de la conception de la citoyenneté et l’intérêt renouvelé pour ce concept semble aller de pair avec ces préoccupations. Les enjeux de cette redéfinition de la citoyenneté nationale ne peuvent cependant être compris que dans les contextes historique et sociopolitique qui ont modulé la construction de la citoyenneté au Canada. Le Conseil supérieur de l’Éducation du Québec proposait en 1998 d’intégrer l’éducation à la citoyenneté dans les écoles, initiant ainsi la réflexion à l’origine de la réforme des programmes scolaires appliquée depuis 2002 au sein des réseaux public et privé. De cette réforme est issu le programme Histoire et éducation à la citoyenneté, dont l’application est prévue au niveau secondaire dès la rentrée scolaire 2006-2007. L’émergence de ce type d’éducation s’inscrit dans un débat plus large concernant la pertinence et les limites relatives aux courants traditionnels d’éducation interculturelle expliquant l’intégration de l’éducation interculturelle à l’intérieur de l’éducation à la citoyenneté, redéfinie dans un sens pluraliste.

Cette recherche se propose comme objectif de repérer les valeurs et les préoccupations transmises au sein du programme Histoire et éducation à la citoyenneté afin de procéder à l’évaluation critique du sens donné à la citoyenneté et aux relations interculturelles dans le programme scolaire québécois. Pour ce faire, nous avons réalisé une recherche sur documentation primaire portant d’une part, sur les publications gouvernementales qui ont précédé l’application de la réforme et d’autre part, sur un manuel scolaire dédié à l’enseignement de ce nouveau programme. La rareté des analyses consacrées au contenu des manuels scolaires présentement en usage explique une part importante de l’intérêt que nous lui portons dans la présente recherche. Nos résultats de recherche nous amènent à proposer d’autres agents de socialisation susceptibles d’inscrire la citoyenneté dans une perspective sociale selon une visée s’approchant davantage de la transformation que de la cohésion sociale.

L’hypersexualisation des jeunes filles : les perceptions des parents face à ce phénomène social et leurs façons d’intervenir auprès de leur fille sur ce sujet

Mélanie Demers
École de service social, Université d'Ottawa

Le phénomène social de l’hypersexualisation des jeunes filles est relativement nouveau et peu de recherches ont été réalisées de façon directe sur celui-ci. Notre étude a donc pour but de connaître les perceptions des parents sur ce phénomène ainsi que leurs façons de réagir auprès de leur adolescente face à ce sujet. Des enjeux préoccupants peuvent y être associés, tels que l’augmentation des risques d’abus sexuels et les impacts négatifs sur la santé physique et mentale des jeunes filles hypersexualisées.

Nous avons rencontré six (6) mères ayant une jeune fille âgée entre 10 et 13 ans qui manifeste un intérêt parfois marqué pour l’apparence, la séduction ou la sexualité. Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées au printemps 2006 auprès de ces mères. Les résultats de notre étude avancent que les parents interrogés ont des perceptions similaires du phénomène, de ses manifestations, des raisons et des influences associées qui vont aussi dans le sens des principaux écrits sur le sujet. La tenue vestimentaire hypersexualisée caractérise ce phénomène. Les participantes utilisent la discussion et l’imposition de limites en guise de pratiques parentales pour intervenir en ce qui a trait à l’hypersexualisation de leur fille. Elles tentent aussi de leur inculquer des valeurs. Les mères considèrent que le sujet est préoccupant et qu’il revient à tout individu, adulte ou adolescente et adolescent, de dénoncer le phénomène de l’hypersexualisation des jeunes filles.

La chasse aux familles gynéparentales prestataires de l’aide sociale Réflexions sur les impacts de la Réforme de l’aide sociale menée par le gouvernement Harris

Kiera Denault
École de service social, Université d'Ottawa

Vouloir faire le tour de la question de la pauvreté serait un travail ardu et de longue haleine. J’ai donc choisi, dans le cadre de ce mémoire, de me pencher plus précisément sur l’impact de la Réforme de l’aide sociale en Ontario menée par le gouvernement conservateur, lors de son entrée au pouvoir en 1995, en tentant de refléter les barrières structurelles et les conditions plus globales qui maintiennent les familles gynéparentales dans la pauvreté.

La première partie de ce mémoire se veut un retour socio-historique sur l’arrivée au pouvoir des conservateurs en Ontario en 1995. Sous la bannière de la Révolution du bon sens, la campagne électorale du Parti conservateur de l’Ontario a produit les conditions les plus écrasantes jamais vécues par les prestataires de l’aide sociale (Cholette 1998). Les coupures comprenaient, entre autres, une réduction de 21,6 % des prestations de l’aide sociale, une récupération provinciale du Supplément dans les prestations nationales pour enfants, des coupures en matière de logements sociaux et de coopératives de logement, des coupures dans les services de garde et la création du travail obligatoire pour les prestataires de l’aide sociale (Michaud 2005; Morel 2002; Cholette 1998). Le raz de marée idéologique qu’a connu l’Ontario sous la direction de Mike Harris, chef du Parti conservateur, a entraîné une partie de la population dans une pauvreté encore plus grande. De ce groupe, les familles gynéparentales représentaient un nombre important (Cholette 1996) : plus de 200 000 femmes tiraient leurs revenus des prestations d’aide sociale (Cholette 1998 :110).

La deuxième partie du mémoire présente l’impact et les enjeux liés à cette réforme. Le gouvernement de l’Ontario, par ses coupures a, en quelque sorte, resserré l’étau sur la vie des familles gynéparentales. Par ses compressions et par les conditions de vie (voire de survie!) dans lesquelles il plaçait ces familles, le gouvernement Harris a plongé les femmes dans une plus grande misère. En raison des nombreux obstacles que ces compressions dressent sur leur chemin, la pauvreté et la misère risquent de perdurer encore plus longtemps. La réforme de l’aide sociale menée par le gouvernement Harris s’enracine également dans une tendance accrue à la protection, à la surveillance et aux contrôles excessifs d’une classe désormais devenue dangereuse : les prestataires de l’aide sociale. Enfin, les mesures exhaustives, intrusives et punitives déployées par le gouvernement Harris ont eu des répercussions considérables sur les familles gynéparentales, puisque celles-ci constituent le groupe le plus important des prestataires de l’aide sociale sous le programme Ontario au travail (Morris 2005).

La dernière partie du mémoire s’intéresse à la riposte des femmes. Sans écarter le concept d’oppression et de discrimination que vivent et subissent au quotidien les familles gynéparentales, nous faisons ressortir les autres facettes de ce groupe, ces éléments qui sont la plupart du temps laissés pour compte dans les recherches; ceux qui relèvent de leurs stratégies, de leur dynamique de solidarité et de leur capacité d’agir (Michaud 2005). Nous tentons donc de refléter la lutte que mènent les femmes d’ici et de par le monde pour assurer leur autonomie et leur sécurité financière. Et c’est à partir de notre propre parcours sur l’aide sociale ainsi que celui d’autres femmes ayant vécu les affres du système, que nous amorçons une réflexion sur les luttes et les stratégies qu’utilisent les femmes pour échapper à l’étau qui les resserre.

Pourquoi partir, pourquoi revenir? Du domicile familial à l’insertion résidentielle

Anne-Marie Deneault
École de service social, Université d'Ottawa

Le départ du domicile familial est considéré comme une étape importante du passage à la vie adulte. L’insertion résidentielle des jeunes se traduit sous de multiples facettes : décohabitation, cohabitation prolongée et recohabitation. L’articulation de ces divers arrangements résidentiels de la jeunesse contemporaine porte à l’exploration des difficultés liées à l’autonomisation résidentielle et à l’interrogation du processus menant le jeune adulte à quitter le domicile parental ou à y retourner, des facteurs de la première installation et de leurs influences sur le parcours résidentiel ainsi que sur la situation résidentielle actuelle.

Cette étude s’inscrit dans un projet de recherche plus vaste. Les données sont extraites d’une recherche portant sur le logement et les parcours résidentiels des jeunes au Québec, sous la responsabilité de Marc Molgat, dans le cadre d’une programmation de recherche de l’Alliance de recherche université-communauté (ARUC) sur l’insertion et la participation des jeunes en région. La présente recherche quantitative vise à tracer le portrait de la situation résidentielle, sociale et professionnelle des jeunes âgés de 20 à 29 ans, vivant dans trois villes du Québec : Rouyn-Noranda, Gatineau et Saguenay. Une analyse descriptive a permis d’identifier les facteurs qui facilitent le départ du domicile familial et l’insertion résidentielle ainsi que les facteurs qui incitent à y retourner. À l’aide d’analyses multinominales, l’influence de certaines variables sur les trajectoires menant à l’insertion résidentielle ou à un retour au foyer familial a également été examinée.

Les résultats de la recherche révèlent qu’avoir un logement abordable, un soutien financier sous forme de prêts et bourses ou du revenu de la conjointe ou du conjoint, un revenu supérieur à 29 999 $, et ne pas avoir été victime de discrimination, sont entre autres, des raisons qui expliquent le non-retour au domicile familial après la décohabitation. Ces résultats permettent de proposer certaines pistes d’intervention auprès des jeunes et des organismes sociaux et au niveau des politiques sociales.

Autochtones diabétiques en milieu urbain : une vie d’exclusion

Eric Diotte
École de service social, Université d'Ottawa

Le diabète est une maladie chronique qui peut affecter n’importe quelle personne en tout temps. Depuis quelques années, plusieurs professionnels de la santé ont remarqué que cette maladie affecte de plus en plus la population autochtone. Présentement, il y a entre 80 000 et 120 000 autochtones diabétiques au Canada. Comme les personnes autochtones ont trois fois plus de risques de développer le diabète, cette maladie est devenue pour elles un fléau. En milieu urbain, les autochtones diabétiques doivent également affronter l’exclusion sociale dans les services de santé puisque la majorité de ceux qui leur sont offerts en milieu urbain ne sont pas adaptés à leurs besoins.

L’objectif de ce mémoire est de présenter et d’analyser la problématique de la maladie du diabète chez les autochtones ainsi que l’exclusion qu’ils vivent dans les services de santé urbains de l’Ontario. Cette recherche présente certaines initiatives et stratégies gouvernementales dont celles sur le diabète chez les autochtones offertes par le gouvernement fédéral et la stratégie de lutte contre le diabète chez les autochtones de l’Ontario offerte par le gouvernement de cette province. Elle présente également les services communautaires offerts aux autochtones diabétiques vivant dans les régions urbaines de l’Ontario. Cette analyse permettra de cibler les avantages et les désavantages et d’évaluer la pertinence des ces initiatives et services.

Cette recherche analyse également le concept politique de l’autonomie gouvernementale et tente de voir si elle peut créer des stratégies et des espaces pour combattre le diabète ainsi que l’exclusion des autochtones diabétiques dans les services de santé urbains.

En résumé, cette recherche tente de répondre aux questions suivantes : Quels sont les facteurs qui contribuent à l’urbanisation des autochtones? Qu’est-ce qui explique la prévalence du diabète chez les autochtones? Ont-ils accès à des services de santé appropriés? Ces services répondent-ils à leurs besoins? Quel est le rôle des politiques et des organismes en matière du diabète chez les autochtones dans les milieux urbains? Finalement, l’autonomie dans la gouvernance peut-elle combattre et prévenir le diabète chez les autochtones ainsi que leur exclusion dans les services de santé urbains?

Le programme « Step-Up » : perspectives des divers acteurs impliqués dans une initiative innovatrice en santé mentale

F. Pascal Khawam
École de service social, Université d'Ottawa

Malgré diverses initiatives, les personnes atteintes de maladie mentale peuvent vivre de nombreux problèmes, dont la difficulté à s’intégrer socialement. La désinstitutionalisation voulait donner la possibilité aux psychiatrisés de se réinsérer dans la communauté et d’y occuper un rôle actif. Malgré la mise en place de plusieurs ressources communautaires, rares sont les services canadiens qui ont été évalués. Nous avons donc opté de faire l’évaluation formative d’un programme dit intermédiaire « Step-up » offert au sein de l’organisme communautaire Salus. Notre mémoire a été réalisé en collaboration avec le milieu en adoptant les perspectives « d’usager » et « pluraliste », afin d’inclure le point de vue de tous les acteurs, dont les bénéficiaires du programme. Notre objectif était d’explorer diverses perspectives sur les objectifs, les activités de ce programme et les résultats préliminaires de ceux-ci.

Cinq entrevues semi-dirigées, réalisées auprès de deux gestionnaires, une accompagnatrice communautaire et de deux bénéficiaires ont été soumises à une analyse de contenu thématique. Tous les participants sont d’accord sur trois objectifs du programme : former des amitiés, consolider les acquis des bénéficiaires, tout en améliorant leur estime et leur affirmation de soi. Les professionnels sont d’avis que « Step-up » permet de desservir plus de clients sur une liste d’attente, alors que les bénéficiaires affirment que ce programme leur permet de s’exprimer sans être sujets de stigma, de se donner une voix et d’aider les accompagnatrices dans leur travail. De plus, les activités de loisirs gérées par les bénéficiaires favorisent l’empowerment communautaire qui mène, selon ces derniers, à une prise de conscience du stigma et au partage des stratégies visant à le contrer. Entre autres, on suggère de sensibiliser davantage les professionnels de la santé mentale à la perspective et au potentiel des bénéficiaires.

L’approche autochtone dans une optique de renouvellement culturel et d’autodétermination

Sarah Kroetsch
École de service social, Université d'Ottawa

L’approche autochtone est en soi un concept relativement récent dans le domaine du service social. Ce n’est que dans les dix dernières années qu’une certaine prise de conscience face à l’importance d’une approche plus adaptée aux besoins des populations autochtones s’est manifestée dans les professions d’aide. L’approche autochtone demeure néanmoins un phénomène difficilement isolable puisqu’il existe de nombreuses variations dans la façon selon laquelle elle est perçue et menée et qu’il serait inapproprié de vouloir définir une seule et unique approche notamment à cause des différences ethnoculturelles et ethnographiques chez les Premières nations du Canada.

Basé sur une recherche documentaire, le présent mémoire a pour objectif principal d’amorcer une réflexion sur l’importance sociopolitique des modes d’intervention autochtones en répondant aux questions suivantes : qu’est-ce que l’approche autochtone et quelles sont ses différentes composantes? Quelle est la pertinence d’une telle approche et pourquoi est-elle si importante? Et finalement, quels sont les défis à relever dans l’application de l’approche autochtone?

Afin d’explorer ces questions et de mieux comprendre le concept de l’approche autochtone, ce mémoire s’organise autour de trois grandes sections. La première porte sur la situation actuelle des peuples autochtones en dressant un portrait statistique et en s’attardant sur l’héritage colonial auquel ont été confrontées les Premières nations. La pertinence de l’approche autochtone est ensuite située dans un mouvement de renaissance culturelle et d’autodétermination propre aux Premières nations.

La deuxième section du mémoire porte sur l’identification de certains des principes communs de l’approche autochtone et illustre ces principes grâce à l’exemple de la roue médicinale et des cercles de guérison.

La dernière section examine les enjeux entourant l’application de l’approche autochtone dans les milieux de pratique. Après avoir souligné les défis rencontrés dans la livraison de services de première ligne, nous concluons notre réflexion sur les différents obstacles associés à l’organisation des services sur et hors réserves.

Le chaos familial : le vécu et les besoins des parents d’enfants avec difficultés comportementales

Caroline Lemieux
École de service social, Université d'Ottawa

Cette recherche s’intéressant aux parents d’enfants avec difficultés comportementales avait pour objectif l’exploration de l’impact de celles-ci sur le vécu et les besoins des parents. Comprendre ce phénomène pourrait faciliter l’élaboration de nouveaux programmes d’intervention de groupe répondant mieux aux besoins des parents ciblés.

Nous avons donc entrepris une recherche documentaire complétée par une analyse secondaire de données tirées d’un sondage national (Home 2003) auprès de 197 mères qui cumulent un emploi et les soins à un enfant avec une incapacité invisible, en l’occurrence, le trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention (TDA/H). Nos observations ont été regroupées sous les thèmes du vécu personnel, familial et social ainsi que des besoins de soutien informel et formel.

Notre étude a permis de constater les défis éprouvants qui teintent le quotidien des parents et de la famille. Ces derniers témoignent vivre dans un chaos quasi-constant puisque la famille devient un milieu où la tension est prédominante et le répit presque inexistant. Hors du toit familial, le jugement des autres est toujours présent et la gestion des difficultés scolaires empiète sur les heures de travail du parent jusqu’à compromettre sa carrière.

Malgré un besoin criant de soutien, ces parents auraient un réseau informel moins important que d’autres familles typiques. Les recherches antérieures démontrent que le soutien social permet de diminuer le stress et l’anxiété, en plus d’augmenter le sentiment d’efficacité parentale. L’intervention professionnelle, telle que les groupes de parents, devrait donc viser à faciliter l’intégration et la reconnaissance sociale, tout en favorisant la création d’un réseau de soutien informel. On exprime également un grand besoin de services de répit spécialisés ainsi que de soutien accru du milieu scolaire, où les interventions et l’accès aux services demandent énormément de temps et d’énergie aux parents.

Des problématiques concernant les adolescents et les adolescentes : les services mis en place pour les contrer dans la ville d’Ottawa et dans les comtés unis de Prescott-Russell

Amélie Lesieur
École de service social, Université d'Ottawa

Cette étude s’intéresse à des problématiques qui touchent plus particulièrement les adolescents et les adolescentes, ainsi qu’aux services implantés au sein de la ville d’Ottawa et des comtés unis de Prescott-Russell pour les contrer. Nous avons voulu cerner le développement des adolescents et des adolescentes et explorer deux problématiques de l’heure (les troubles alimentaires et le suicide), en plus d’examiner les organismes qui visent cette population. Notre recherche s’appuie sur une recension des écrits et sur une collecte de données portant sur les services offerts par différents organismes.

Afin d’offrir une image globale de l’adolescence, ce concept a été défini aux plans physique, intellectuel/comportemental et social. Ensuite, nous avons effectué un retour historique pour expliquer le concept de l’adolescence depuis 1850.

Deux problématiques touchant plus particulièrement les adolescents et les adolescentes ont été décrites et analysées, en s’appuyant sur quelques statistiques. Ces problématiques sont les troubles de comportement alimentaire qui concernent davantage les filles et le suicide, qui affecte plus les garçons. Les statistiques nous ont permis de voir que les adolescents et les adolescentes présentant des problèmes sérieux sont minoritaires, alors qu’au cours de cette étape de développement, ils et elles vivent presque immanquablement différentes tensions et des conflits liés à leur croissance.

En dernière partie, nous avons fait un bilan des services principalement offerts dans la ville d’Ottawa. Notre analyse nous a permis de constater que les différents organismes ont tous un différent mandat et une différente mission.

De l’art-thérapie à l’engagement artistique : réflexion critique sur les rencontres de l’art et de l’intervention

Karine D. Lortie
École de service social, Université d'Ottawa

L’intervention par l’art englobe une variété d’approches théoriques et de pratiques qui se fondent sur la création artistique et qui cherchent à apporter des bienfaits ou un mieux-être quelconques aux personnes, aux groupes ou aux communautés. Elle peut prendre plusieurs formes qui ont en commun l’exigence de l’élaboration ou de la création d’un objet de nature artistique par une personne ou un groupe en présence d’un thérapeute, d’un animateur, d’un intervenant, etc. Parmi les différentes formes d’intervention par l’art qui existent, la plus reconnue et la plus documentée est l’art-thérapie qui, au fil des années, s’est constituée comme discipline spécialisée. L’art-thérapie constitue donc le point de départ de cette réflexion critique.

Tout au long de l’analyse des écrits, les approches d’intervention qui récupèrent la création artistique au nom de sa valeur thérapeutique sont étudiées et interrogées. Les questions soulevées — qui se rapportent entre autres choses à l’intervention sociale, à la création artistique, au système de santé, à l’éducation, à la sociologie et à la philosophie de l’art — révèlent les principaux enjeux et les contradictions qui sous-tendent les logiques de ces approches. Le lecteur est amené à prendre conscience de certains dangers et à comprendre la nécessité de valoriser une approche plus éthique et plus respectueuse du processus de création artistique. Il est également amené à réfléchir sur le pouvoir de subversion et de transformation sociale de l’art, souvent ignoré et amoindri par la société en raison de la place et de la valeur plus ou moins grandes qu’elle accorde aux artistes et à la création.

Dans l’analyse de cas, la réflexion se poursuit et est illustrée par l’exemple concret du Lab, un projet d’intervention par l’art mis sur pied pour répondre à un problème grandissant d’exclusion sociale chez les jeunes de 16 à 30 ans de la ville de Gatineau. Il est question de déterminer en quoi une approche d’intervention par l’art peut être pertinente pour répondre à un problème d’exclusion sociale et d’aider l’équipe du Lab à définir son approche par rapport aux grandes formes d’intervention par l’art. En conclusion, certaines recommandations pour la pratique sont présentées à l’équipe du Lab. D’autres, plus générales, tendent vers une rencontre réussie de l’art et de l’intervention.

Panacée pour le diagnostic des années 1990? Le débriefing psychologique dispensé aux secouristes exposés à un événement potentiellement traumatisant

Valérie Marceau
École de service social, Université d'Ottawa

Depuis le début des années 1990, les Forces armées canadiennes ont été particulièrement sollicitées lors des missions de paix, augmentant ainsi le risque que les militaires développent un traumatisme après l’exposition à des événements potentiellement traumatisants. Parmi les méthodes d’intervention utilisées après ces incidents, le débriefing psychologique est dispensé afin de prévenir l’apparition d’une pathologie. Toutefois, l’efficacité de la méthode d’intervention soulève la controverse et les résultats générés par la recherche sont contradictoires. Afin de clarifier cette polémique, notre recension d’écrits a permis de recueillir et d’analyser des études portant sur le sujet. Nos objectifs étaient de dégager les aspects en fonction desquels la méthode d’intervention doit être utilisée et d’identifier les pistes de recherche futures.

L’analyse des trente-quatre études forgeant notre échantillon final permet de mieux comprendre les impacts de l’application du débriefing psychologique auprès des militaires. D’abord, nous constatons que les effets sont absents ou peu élevés face à la prévention de l’état de stress aigu ou du trouble état de stress post-traumatique. La méthode d’intervention a néanmoins un effet apaisant sur d’autres symptômes reliés au traumatisme comme l’anxiété, le stress et la colère. Toutefois, les études s’étant penchées sur les impacts du débriefing psychologique sur l’état de santé en arrivent à des résultats trop disparates pour tirer des conclusions à ce niveau. Lorsque interrogés sur leur satisfaction à l’égard de l’intervention, les participants expriment leur appréciation des sessions de groupe et estiment que cette assistance contribue à leur récupération psychologique.

Notre étude met en relief la nécessité de poursuivre la recherche dans le domaine dans deux directions. D’abord, la dangerosité de la mission et le nombre de militaires exposés à des traumatismes soutiennent le besoin d’explorer l’efficacité de la méthode auprès des militaires canadiens oeuvrant en Afghanistan. Ensuite, les effets contradictoires du débriefing sur l’état de santé méritent d’être mieux investigués afin de pouvoir statuer sur l’efficacité de la méthode d’intervention à ce niveau.

L’intimidation : un microbe qui peut faire des ravages dans nos milieux scolaires

Anne Ouellette
École de service social, Université d'Ottawa

Quoique la violence en milieu scolaire ne soit pas un nouveau phénomène, on constate actuellement une contamination de violence entre les élèves eux-mêmes et entre les élèves et le personnel enseignant. Les transformations dans la problématique de la violence à l’école se situent au niveau de ceux qui subissent la violence, mais aussi de ceux qui la font. Depuis les dernières années, nos milieux scolaires font face à une violence de plus en plus pernicieuse et tout aussi destructrice. Cette nouvelle forme de violence par l’intimidation préoccupe au plus haut point le monde de l’éducation car elle brime le climat du milieu scolaire.

Pour l’élaboration de ce mémoire de recherche, nous avons privilégié une méthodologie documentaire. Notre objectif était d’explorer le sujet de l’intimidation, d’identifier les différents enjeux qui entourent ce phénomène, pour ensuite faire l’analyse de programmes de prévention afin de déterminer s’ils sont efficaces pour diminuer ou enrayer l’intimidation dans nos milieux scolaires.

Pour augmenter les chances de réussite dans le domaine de la prévention et de l’intervention face à l’intimidation, les différents intervenants impliqués doivent être conscients de certains éléments qui peuvent brimer le succès du projet. L’intimidation est une violence multifactorielle, qui se manifeste différemment selon le sexe et l’âge. Ces éléments doivent être pris en considération dans l’élaboration de programmes de prévention auprès des élèves. Par ailleurs, la prévention ne peut se limiter qu’aux élèves, elle doit s’étendre à toutes les personnes qui ont un contact direct et indirect avec le milieu scolaire.

La mise sur pied d’un programme de prévention de l’intimidation demeure un projet de longue haleine qui demande une implication assez importante de la part du personnel scolaire et des parents. Comme les résultats ne sont pas immédiats, cela peut mener à une perte de motivation à poursuivre leur implication dans le programme. Donc, la personne en charge du projet a la lourde tâche de motiver tous les participants au projet afin d’assurer la réussite.

Le logement : un droit fondamental… et les Autochtones en milieu urbain?

Tracy Pressé
École de service social, Université d'Ottawa

Les Autochtones en milieu urbain font partie d’une réalité contemporaine longuement ignorée, mais fortement présente dans l’actualité. Pendant de nombreuses années, les études indigènes se sont concentrées sur la vie et la culture en réserve. Cette étude documentaire cherche à comprendre la problématique des Autochtones en milieu urbain, notamment celle liée à la question du logement.

Pour mieux cerner cette question, cette recherche regarde les Autochtones en milieu urbain, c’est-à-dire leur évolution, leur profil et leurs caractéristiques. Par la suite, l’habitation des autochtones, en tant que droit fondamental, est analysée.

La compréhension de ces deux dernières composantes est fondamentale à la conceptualisation de cette problématique. Il est alors nécessaire de comprendre l’évolution historique des politiques en logement à l’égard des Autochtones en milieu urbain.

Peu importe l’implication politique, les populations indigènes vivent de nombreuses difficultés, particulièrement plus ardues que la population dominante. Ces barrières comprennent les phénomènes des sans-abri et la violence familiale. Il est important de souligner que les peuples autochtones ne vivent pas uniquement des difficultés. Dernièrement, on peut remarquer de nombreuses initiatives qui ont souligné leurs pratiques exemplaires.

Finalement, le domaine de recherche sur les Autochtones en milieu urbain demeure relativement jeune. Cette étude vise à suggérer des solutions pratiques et proposer des pistes d’intervention pour des recherches futures.

Le phénomène d’automutilation chez les adolescents vivant en contexte institutionnel

Cindy Robert
École de service social, Université d'Ottawa

Divers organismes sociaux offrent des ressources et services aux jeunes en difficulté afin de veiller à leur santé, leur bien-être et leur sécurité. Parmi ces interventions, la vie en institution (centres d’accueil, de réadaptation et de détention, instituts psychiatriques) apporte des bénéfices à de nombreux adolescents, mais elle peut aussi avoir pour certains des effets néfastes. En venant en aide aux jeunes, l’institution peut contribuer au développement de conduites à risque, dont la pratique de gestes autodestructeurs. L’automutilation constitue l’un des plus dangereux de ces gestes, mais demeure encore un phénomène méconnu et tabou, en dépit de sa fréquence chez les adolescentes et adolescents vivant en institution.

Cette recherche propose d’explorer ce phénomène afin de mieux comprendre la pratique subite et fréquente des gestes d’automutilation chez les adolescents résidant en institution Le contexte stigmatisant, coercitif, traumatisant et propice à l’influence des pairs aurait-il un impact important sur la pratique de l’automutilation? De quelle manière les intervenantes et les intervenants ainsi que la société en général peuvent-ils devenir plus sensibles à cette réalité? Afin de répondre à ce questionnement, nous avons réalisé une recherche documentaire analysant différents enjeux pouvant mener à ces gestes. Les thèmes abordés incluent le rôle de l’institution, l’influence des pairs et les stratégies personnelles d’adaptation. Mon expérience de travail auprès des jeunes automutilateurs résidant en institution, la complexité de cette problématique ainsi que le peu d’écrits sur le sujet expliquent mon intérêt pour cet objet de recherche.

Les résultats de recherche ont permis d’esquisser quelques pistes d’intervention et de mettre en évidence certaines solutions mises de l’avant par des chercheures et chercheurs. Je souligne aussi quelques initiatives susceptibles de prévenir et de diminuer la fréquence des conduites automutilatrices chez les jeunes qui vivent en institution.

Paternité : survol de l’évolution et réalité du rôle paternel moderne

Alexandre Roger
École de service social, Université d'Ottawa

Dans ce mémoire, nous nous intéressons notamment à savoir comment se transforme la paternité en ce qui a trait au rôle de l’homme et à celui de la femme, la nouvelle place qu’occupent les hommes dans la petite enfance et les nouvelles responsabilités auxquelles ils doivent faire face. Les anciens modèles de père se sont écroulés à la suite de plusieurs facteurs, dont le mouvement féministe, et les pères doivent donc se tailler une nouvelle place. C’est ainsi que le père moderne se doit de trouver lui-même sa place dans cette nouvelle société égalitaire marquée par un contrat égalitaire entre les conjoints et la pérennité des liens parentaux. C’est dans cette optique que ce mémoire cherche à faire le point sur la paternité moderne en observant son histoire, son évolution et sa nouvelle place en périnatalité. Ainsi, nous discuterons premièrement de l’histoire de la paternité en Occident. Plus précisément, nous donnerons quelques définitions de ce qu’est la paternité et nous aborderons les courants de pensée sur le rôle de la paternité, en traitant du passage du père passif et absent à l’exigence moderne pour les pères. Deuxièmement, nous traiterons de l’évolution du rôle des pères au cours des dernières années et des limites du rôle de père moderne. Finalement, ce mémoire comprend une réflexion sur l’impact du changement du rôle des pères dans la périnatalité. Car un peu comme pour les mères, la paternité se joue très tôt.

La socialisation des hommes : un construit social non sans conséquence

Luc Sabourin
École de service social, Université d'Ottawa

Depuis quelques années, on note un intérêt marqué pour les écrits concernant les hommes. La socialisation masculine est souvent pointée du doigt lorsqu’il est question des problèmes qui touchent les hommes, on a qu’à penser aux difficultés qu’ont plusieurs d’entre eux à bien jouer leur rôle de père ou à parler de leurs émotions. La socialisation des hommes semble être la cause de bien des maux. Cette recension des écrits s’intéresse à la socialisation masculine et aux conséquences qu’elles engendrent chez les hommes. Ce mémoire comporte quatre grands thèmes principaux : le premier fait place à la construction de l’identité sexuée qui décrit le clivage entre les hommes et les femmes alors que le deuxième traite de la socialisation des hommes et des règles qui la régissent. La troisième partie fait place au bouleversement des certitudes masculines et à la redéfinition des rôles de genre causés, entre autres, par l’industrialisation et l’émancipation des femmes qui ont plongé les hommes dans une crise profonde. Les impacts de la socialisation des hommes se veulent le quatrième et dernier objet de ce mémoire. Enfin, la conclusion débouche sur les implications pour la pratique et propose des pistes d’action et d’intervention visant à améliorer les services d’aide offerts aux hommes. À titre d’exemple, on suggère d’améliorer la qualité d’accueil, de réduire les délais d’attente à la suite d’une demande d’aide et de favoriser l’intervention de groupe auprès des hommes.