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C’est dans un langage simple et vivant que Jean Proulx, professeur au cégep de Trois-Rivières, nous entretient de l’apprentissage par projet. Loin de nier l’utilité des autres approches — il se fait même un peu insistant sur la forme traditionnelle d’enseignement —, Proulx trace un portrait réaliste des conditions gagnantes permettant de profiter au maximum de l’apprentissage par projet tout en dressant un bilan de ses limites.

Après en avoir rappelé l’historique, Proulx campe l’apprentissage par projet sur quelques fondements théoriques en soulignant l’influence du courant socioconstructiviste. Il fait bien ressortir la nécessité d’un contexte authentique rendant l’apprentissage significatif. L’auteur met aussi en évidence les caractéristiques des projets en les regroupant selon l’étendue temporelle, le nombre d’auteurs, la nature de l’activité et la dimension politique ou stratégique. La partie portant sur les responsabilités tant de l’enseignant que de l’élève est fort éloquente, car elle recadre bien les rôles de chacun et expose clairement les changements à anticiper pour l’adoption de ce type de pédagogie.

Ce livre est utile à bien des égards. D’abord, il est apprécié pour sa transparence : loin de nier les limites de l’apprentissage par projet, il les expose ouvertement, permettant ainsi à l’enseignant d’anticiper les difficultés et d’être en mesure de mieux leur faire face. Deuxièmement, il établit à juste titre une relation entre la pédagogie différenciée et l’apprentissage par projet, car la conception de l’apprentissage est centrée sur l’apprenant en action, où la dynamique interactive occupe une place centrale. Troisièmement, il vient combler un vide en fournissant une vue d’ensemble de cette approche, ce qui permet de mieux en saisir les nuances et les spécificités.

Toutefois, le lecteur reste sur sa faim quant aux fondements scientifiques supportant les énoncés et la faible littérature appuyant les définitions, l’historique ainsi que la typologie. Peut-on, par exemple, parler d’apprentissage par projet sans mentionner Francoeur-Bellavance ? De plus, dans une société où les technologies de l’information et de la communication occupent une place de choix, le lecteur pourrait s’attendre à ce que Proulx accentue leur importance et les incorpore dans les différentes étapes du projet ; l’apprentissage par projet constituant à bien des égards un terrain fécond pour leur intégration. Enfin, toute nouveauté touchant la pédagogie a inévitablement des répercussions sur la gestion de classe. Proulx n’entre pas dans ces détails, pourtant essentiels au succès de l’intégration d’une telle démarche. Il offre par contre des points d’appui importants en proposant des modèles favorisant un certain encadrement et en fournissant des pistes pour l’évaluation.

Donner le goût de s’y risquer : voilà le message central. Les enseignants en quête de compréhension de l’apprentissage par projet, s’intéressant aux approches contemporaines et désirant renouveler leur pratique, pourront y trouver des idées alléchantes et mieux saisir les origines et les fondements de cette approche pédagogique.