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Ce numéro thématique regroupe une dizaine de contributions et d’auteurs sur la jeunesse de la Colombie-Britannique. Il a été publié avec le soutien de la McCreary Youth Foundation de Victoria, ce qui donne la tonalité de l’ensemble, tant au point de vue des thématiques que des perspectives adoptées. C’est au centre de l’ouvrage que sont toutefois explicités certains principes qui guident l’ensemble. Kathy Powelson et Roger S.Tonkin exposent ainsi le Positive Youth Development (PYD) en s’inspirant des approches états-uniennes. Cette approche, qui insiste sur le développement des compétences, selon une vision plus compréhensive des modes de vie, doit conduire à un réagencement des normes et à des changements dans les programmes destinés aux jeunes.

Les deux premiers articles sont généraux. Le premier s’intéresse à la difficulté de définir et de délimiter la jeunesse aujourd’hui, compte tenu des transformations sociales et culturelles. Les auteurs proposent ainsi un historique de la façon dont a été abordée la jeunesse tant sur le plan des problématiques que sur celui des interventions. L’article suivant propose une sélection de statistiques sur l’offre de soins, les pathologies ainsi que sur le bien-être des jeunes. Il est dommage toutefois que les disparités constatées à l’aide de cartes ne soient pas interrogées, l’ensemble restant dans le registre descriptif. D’autres articles sont consacrés plus spécifiquement à certaines facettes de la santé des jeunes : comportements à risques actuels, offre de services dans la province, déterminants de la santé concernant différentes sous-populations, la sexualité. Plusieurs contributions essayent d’adopter l’approche dite compréhensive des phénomènes à partir d’analyses à l’échelle micro. En phase avec le contexte multiculturel de la Colombie-Britannique, les auteurs s’intéressent à la construction des identités à partir des minorités. Ainsi, l’article de Jo-Anne Lee (Negociating Asian Canadian Identities and Citizenship in a Post-Colonial City: Experiences of Young Asian Canadian Women and Girls) nous renseigne autant sur l’objet que sur la façon implicite de construire l’objet d’étude et d’intervention en Colombie-Britannique. L’auteure insiste sur l’aptitude à négocier les différentes identités en fonction du contexte, en jouant avec les frontières des catégorisations, ce qui doit – mais cela n’est pas explicite dans son article – amener à développer des modes d’action s’appuyant sur ces compétences. Cet aspect est davantage développé dans les deux articles suivants, le premier sur les communautés autochtones du nord de la province, le second sur les jeunes ruraux, thématique généralement peu abordée sous cet angle. On regrettera que le cas de Vancouver ne soit pas évoqué : les disparités sociales et sanitaires qu’on y constate, de même que les formes d’expression qu’y prend la marginalité dans l’espace urbain, fournissaient pourtant matière à réflexion.

La thématique de l’ouvrage est tout à fait d’actualité et correspond à un besoin social. Toutefois, la question des dynamiques spatiales et des interactions sociales aurait méritée d’être davantage explicitée. En fait, il aurait fallu que cette question soit constamment ramenée au coeur du raisonnement afin d’apporter un éclairage complémentaire et de renforcer la dimension analytique d’ensemble. Cela dit, le livre est stimulant pour la réflexion et l’intervention dans les pays développés, au-delà du cas de la Colombie-Britannique.