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Suivant l’essor du féminisme durant les années 70, de nombreux noms communs de profession et de métier ont été féminisés. Si, traditionnellement, on acceptait volontiers les désignations d’avocate, de directrice, si l’on ne conteste plus l’emploi de professeure ou de chercheuse, qu’en est-il de termes comme contrôleuse, divertisseuse ou haute-commissaire? Voici enfin un premier répertoire féminin/masculin de plus de 16 000 noms communs de personnes. Car l’un des mérites de cet ouvrage est non seulement de présenter les noms liés à des activités professionnelles, mais aussi de s’inscrire dans une étude plus vaste qui englobe tous les noms communs de personnes.

Le guide de féminisation que propose Louise-Laurence Larivière est précédé d’une présentation qui expose la problématique, dresse un bilan de la situation et indique les principales règles, le tout dans un souci de clarté et d’exhaustivité. En effet, le guide répertorie les usages québécois et également ceux d’autres communautés francophones, comme la Belgique, la France, la Suisse et le Canada. Soucieuse de préserver une unité linguistique, l’auteure a également tenu compte des apports des dictionnaires (notamment du Nouveau Petit Robert, dans son édition parue en 2000) afin de proposer des règles de féminisation qui se rapprochent le plus possible des structures existantes en français. Et c’est là l’une des qualités de cet ouvrage : présenter de façon claire et systématique les règles de formation en genre qui, tout en évitant la simple nomenclature, se fondent sur des considérations linguistiques comme le respect de la structure de la langue française et de sa grammaire.

Ainsi, après avoir défini les règles générales, l’auteure expose cinq règles de formation des épicènes (par exemple, un/une garagiste), des doublets (un pompier/pompière) et des couples (oncle/tante), règles auxquelles elle adjoint dix-sept règles d’agencement en phrases complètes qui favorisent la fluidité textuelle. On y apprendra en particulier que les formes tronquées (par exemple, les employé(e)s, les joueurs/euses, les auditeurs/trices) ne sont plus de mise et qu’il existe des moyens d’éviter la répétition fastidieuse des doublets ou l’emploi unique du masculin. Ainsi, l’auteure suggère, entre autres procédés de « dégenrisation », le remplacement des noms par un générique, un collectif, un terme abstrait, une entité administrative, un épicène pluriel ou encore une tournure active, impersonnelle ou indéfinie.

Bref, ce guide se révélera rapidement un outil indispensable pour tous ceux et celles qui exercent une profession langagière, bien que, « pour le moment », il ne contienne pas encore les définitions des termes listés.