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Dans son volume, L’étude de cas comme méthode de recherche, Yves-C. Gagnon poursuit deux objectifs : celui d’instrumenter le chercheur afin qu’il puisse décider, en toute connaissance de cause, si la méthode de l’étude de cas est appropriée pour réaliser sa recherche et celui de lui proposer un guide pour la mener à bien.

L’auteur propose donc au lecteur une démarche structurée, mais non linéaire, pour la réalisation d’une étude de cas. Les huit étapes de cette démarche constituent les huit chapitres dont est composé l’ouvrage. Chacune des étapes menant à la réalisation d’une étude de cas est exposée par le biais de cas réels, dont un cas central tiré de la thèse de doctorat de l’auteur. Ce cas pivot porte sur le comportement des dirigeants de PME dans le processus d’adoption des nouvelles technologies. Son développement est présenté de chapitre en chapitre et permet au lecteur de suivre le déroulement d’une étude de cas, étape par étape, alors que l’auteur met l’accent sur les activités à réaliser dans la démarche plutôt que sur les résultats obtenus. Un CD-ROM fournit un support à la rédaction du rapport à produire lorsque l’étude de cas est utilisée comme méthode de recherche. Voyons, maintenant, chacun des chapitres.

Dans l’introduction, l’auteur relate brièvement l’historique de l’étude de cas. Il en souligne, de manière succincte, les avantages et les inconvénients. Ensuite, les huit étapes sont résumées en mettant en évidence, pour chacune, les activités à réaliser et les objectifs poursuivis par la réalisation de chaque activité.

La première étape – Établir la pertinence – vise à établir si l’approche par l’étude de cas est appropriée pour réaliser la recherche projetée. Par quelques questions simples, le chercheur est appelé à se positionner autant sur ce qui l’a amené au projet qu’il planifie que sur le contexte dans lequel s’opère le phénomène étudié.

La seconde étape – Assurer la véracité des résultats – présente des balises pour montrer que les résultats obtenus l’ont été par une démarche rigoureuse et qu’ils reflètent bien la réalité observée. L’auteur couvre quatre dimensions : la fiabilité interne qui vise à assurer la stabilité des données et la fiabilité externe qui vise à permettre de reproduire la recherche, la validité interne qui vise à assurer la crédibilité des résultats et la validité externe qui doit permettre le transfert des résultats.

La troisième étape – La préparation – permet au chercheur de réfléchir sur ce que pourrait être sa question de recherche et sur le phénomène à l’origine de cette question. Ce chapitre met en perspective les caractéristiques dont il est souhaitable de tenir compte pour fonder une recherche sur une étude de cas. Le lecteur a également l’occasion de réfléchir aux sources de données, à la population cible et aux critères de sélection des cas projetés.

La quatrième étape – Le recrutement des cas – sensibilise le lecteur à la manière dont il peut s’y prendre pour entrer en contact avec des organisations ayant les caractéristiques recherchées pour l’étude de cas planifiée. L’auteur y aborde la nécessité d’acquérir une bonne connaissance de la dynamique du milieu. Il sensibilise également le lecteur aux mécanismes pour assurer l’impartialité de la collecte de données et aux risques de « mortalité » des cas.

À la cinquième étape – La collecte des données – l’auteur met en relief les contraintes et les embûches qui guettent, sur le terrain, le chercheur qui a choisi de procéder à une étude qualitative. La nécessité d’être accepté par le milieu dans lequel il réalise son terrain, la pratique de l’observation et de l’écoute active, la nécessité de diversifier ses sources d’information et la manière de le faire sont quelques-uns des thèmes abordés.

À la sixième étape – Le traitement des données – Yves-C. Gagnon explique la manière d’épurer les données, c’est-à-dire de s’assurer que les données colligées sont pertinentes, la manière de les coder dans le but de les trier et de les organiser pour en comprendre le sens et mettre en relief ce qu’elles manifestent et la manière de les analyser pour les « faire parler » et vérifier les tendances qui s’en dégagent. L’auteur présente également la rédaction de l’étude d’un cas comme étant un récit élaboré par le chercheur visant à réintroduire dans leur contexte les données recueillies.

La septième étape – L’interprétation des données – est décrite comme une étape à la fois créative et intuitive, mais empreinte de rigueur au cours de laquelle le chercheur doit atteindre un plus haut niveau d’abstraction face aux données codées. Il doit être en mesure d’en faire émerger les significations déduites des tendances que leur analyse aura faite ressortir. Pour ce faire, le chercheur devra vérifier la concordance des propositions explicatives avec les données analysées, mais aussi comparer les propositions avec la littérature existante.

Enfin, la huitième étape – Diffuser les résultats – présente au lecteur les éléments dont le chercheur doit tenir compte lorsqu’il diffuse les résultats de sa recherche. L’auteur explique le passage du rapport de recherche vers la communication des résultats en faisant ressortir la nécessité de bien cibler le média, d’en cerner les exigences, mais aussi la nécessité d’élaborer un plan du contenu de la diffusion de ces résultats. Il présente également la manière d’aborder la rédaction de la communication.

Le volume répond exactement à l’objectif central formulé par l’auteur : être un guide pour le chercheur qui désire en savoir plus pour mettre en oeuvre une étude de cas. La structure du livre est compatible avec cet objectif. Le lecteur y trouve des tableaux dans lesquels des questions sont formulées pour l’aider à orienter sa recherche ou encore des figures qui mettent en relief les activités propres à la démarche. Le tout est rédigé dans un langage clair, simple, accessible au néophyte qui s’aventure pour la première fois dans une démarche d’analyse qualitative. Les nombreux exemples, tirés d’études de cas réalisés par l’auteur, facilitent l’apprentissage des enseignements théoriques. Ce guide constitue également un aide-mémoire qui permet de baliser l’élaboration de la recherche. Le gabarit de rapport de recherche, inclus sur CD-ROM, permet à l’apprenti-chercheur de structurer son travail au fur et à mesure que progresse sa recherche. Il initie l’étudiant aux diverses rubriques que l’on doit retrouver dans un rapport de recherche bien structuré.

Si le lecteur est guidé de chapitre en chapitre dans la description de chacune des étapes, il lui faudra cependant puiser dans d’autres ouvrages les détails concernant la manière de réaliser certaines des activités identifiées. Yves-C. Gagnon fait toutefois référence, tout au long du volume, à de nombreux ouvrages qui sauront certainement combler cette faiblesse.

Un petit guide qui se prête bien à l’apprentissage ou à l’enseignement de l’étude de cas comme méthode de recherche.