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Cet ouvrage débute là où se terminait Chronicles of Dissent et regroupe des entrevues diffusées entre avril 1992 et janvier 1996. Comme le premier tome de cette série, ce livre couvre un grand nombre de thèmes. L’élément central de cet ouvrage consiste à inciter les gens à s’organiser et à résister face aux forces qu’il dénonce, soit la convergence du pouvoir économique et le déficit démocratique.

D’entrée en matière, l’auteur expose le Fonds monétaire international, le gatt et le libre-échange comme étant des moyens d’exploitation économique des pays sous-développés. Pour Noam Chomsky, ce système repose sur deux piliers : les grandes entreprises américaines et le gouvernement des États-Unis. Comme dans le cas de Chronicles of Dissent, certains « faits » et conclusions sont cependant discutables. En effet, Noam Chomsky avance quelques affirmations qui, après un certain recul, semblent devoir être nuancées, telles que la volonté des multinationales de prendre des actions pour prévenir la pollution ; la vigueur du capitalisme ; les conséquences du libre-échange entre le Canada et les États-Unis, ainsi que la domination des riches sur les pauvres. La rhétorique n’est pas nouvelle, mais l’auteur se défend bien de vouloir adopter le credo d’une ou de n’importe quelle grande école de pensée. En fait, il se qualifie lui-même de réaliste, mais un réalisme différent, un retour à sa source.

Les douze autres chapitres de Class Warfare abordent la légitimité de la guerre du Golfe, l’objectivité relative des médias américains (toujours dans un but de propagande, tel que Chomsky l’avait énoncé dans le premier volume), le retour en force du capitalisme, l’interprétation erronée des principes d’Adam Smith, la lecture de l’histoire selon d’autres aspects et la redéfinition du système politique américain comme étant « protofasciste ». Les commentaires déjà énoncés pour Chronicles of Dissent s’appliquent toujours. En effet, les grandes déclarations de l’auteur sont intéressantes ou séduisantes, selon le cas, ou même inquiétantes, mais elles souffrent toujours d’un certain manque d’objectivité dans leur présentation.

Ces deux volumes s’adressent au grand public et lancent un cri d’alarme contre la machination politique et le complot de la classe dirigeante. Outre les dénonciations et les déclarations fracassantes, l’argumentation manque de crédibilité et de profondeur. Dans un contexte académique, plusieurs exemples cités sont soit invérifiables, soit des demi-vérités. Il est curieux qu’un auteur de la stature de Noam Chomsky, reconnu pour avoir permis l’application de la méthode scientifique à l’étude du langage, s’en tienne presque strictement à l’intuition pour appuyer le développement de sa pensée politique. Les deux volumes de la série The Alternative Radio Interviews proposent donc les opinions d’un auteur presque mythique sur des sujets très variés, mais ne marqueront pas l’histoire d’une pierre blanche.