Corps de l’article

« Pour le bien de l’enfant, on fait des compromis ». La perception des parents de leurs rôles dans les écoles fréquentées par leurs enfants

Povi Kafui Akué
École de service social, Université d’Ottawa

La collaboration entre deux ou plusieurs personnes possédant des schèmes culturels différents nécessite des adaptations de part et d’autre. Pour les personnes immigrantes, ce défi est de taille, car leur intégration et leur insertion sociale passent, entre autres, par leur utilisation des services et leur implication au sein des institutions sociales.

Ce mémoire tente de comprendre les enjeux reliés à la participation des parents immigrants dans les écoles fréquentées par leurs enfants. Il s’agit d’une recherche qualitative impliquant onze parents immigrants dont quatre couples et trois mères, tous résidents de la ville d’Ottawa et ayant au moins un enfant fréquentant une école élémentaire francophone de cette région. Nous nous sommes intéressée plus spécifiquement à la perception que ces parents ont de leurs rôles dans les écoles fréquentées par leurs enfants.

Nos résultats ont permis d’apprécier l’importance que les parents immigrants accordent à la communication avec le personnel scolaire. Les participants à notre recherche ont aussi identifié des obstacles qui entravent l’intégration socioscolaire de leurs enfants et qui, parallèlement, affectent leur participation à l’école. Ces entraves créent des barrières pour les parents eux-mêmes et pour leurs enfants au sein des écoles et dans la communauté. Pour contourner ces obstacles, ils ont identifié des pistes qui, dans une certaine mesure, pourraient contribuer à l’intégration et au soutien social de leurs enfants. C’est là un des rêves des familles immigrantes.

La valse des familles : les enjeux des parents d’adolescents et d’adolescentes présentant un problème de santé mentale sévère

Manon Arsenault
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche explore les perceptions de trois pères et de trois mères d’adolescents ou d’adolescentes souffrant d’un problème de santé mentale sévère. Ces parents recrutés auprès du programme de l’Adopsychiatrie du Centre Hospitalier Pierre-Janet de Gatineau, ont participé à des entrevues individuelles de type qualitatif menées à l’hiver 2004. Cette recherche vise à mieux cerner leurs perceptions en ce qui a trait aux difficultés rencontrées, aux impacts du trouble mental, aux besoins ainsi qu’au partage des tâches de soutien entre les pères et les mères.

Les résultats de notre recherche auprès de ces six (6) parents nous ont permis de saisir, tout comme dans la plupart des écrits recensés, des bouleversements, des menaces et des perturbations dans l’équilibre émotionnel de toute la famille. Nos données mettent aussi en lumière un partage inéquitable des responsabilités, les femmes assumant la plus grande partie des responsabilités vis-à-vis de la personne souffrant d’une maladie physique ou mentale et une détérioration de l’état de santé physique ou mental des personnes qui assument la principale responsabilité des soins, dans la plupart des cas, la mère.

L’analyse des données a permis l’émergence de trois pistes d’intervention. La notion d’étapes du deuil nous est apparue utile pour permettre aux intervenants ou aux intervenantes de valider les émotions des parents. Amener chacun des membres de la famille à reconnaître ce qu’il vit et à prendre conscience de ses valeurs s’avère, selon nous, une stratégie efficace pour lui permettre de trouver de nouvelles façons de fonctionner. Enfin, l’établissement d’un lien entre les attitudes des pères et des mères et les différences de genre chez les hommes et les femmes s’est imposé.

Bref, donner parole aux parents soulève de nouvelles réflexions et offre des avenues prometteuses en intervention.

Une intégration de la notion d’attachement dans la pratique du service social

Manon Béliveau
École de service social, Université d’Ottawa

Depuis son élaboration dans les années cinquante, le concept de l’attachement a suscité un grand intérêt dans le domaine de la psychologie. Ce n’est que depuis les années quatre-vingt-dix que nous retrouvons l’évocation des aspects pratiques de l’attachement dans les écrits scientifiques. Ce mémoire présente une analyse de ces écrits afin de souligner la pertinence du concept de l’attachement pour le service social.

Dans ce mémoire, nous présentons l’origine de ce concept et certaines notions de base de l’attachement. Nous avons aussi analysé des approches et méthodes d’intervention qui favorisent un changement dans la relation parent-enfant et qui permettent donc une rupture dans la transmission intergénérationnelle des relations familiales problématiques.

L’étude de cas du Centre de jeunes de la Basse-Ville d’Ottawa

Catherine Bouchard
École de service social, Université d’Ottawa

Le quartier de la Basse-Ville d’Ottawa était un quartier miné par divers problèmes sociaux. Les jeunes du quartier avaient peu d’espace de socialisation et conséquemment, il y avait manifestation de leur part sous forme de délinquance et de prostitution. En 1997, un Centre de jeunes a été mis sur pied pour confronter ces enjeux et pour offrir un espace permettant diverses activités sociales, sportives et préventives. Il est donc pertinent, aujourd’hui, de faire une étude de cas pour comprendre le rôle de cet organisme communautaire dans le quartier de la Basse-Ville.

L’étude de cas inclut un volet historique du quartier de la Basse-Ville et du Centre de jeunes en les situant dans les réalités vécues dans certaines grandes villes, telles que la pauvreté, la ségrégation et l’immigration. Elle comporte également des entrevues avec des informateurs clés pour discuter de leur rôle dans le quartier ainsi que l’analyse d’un groupe focus avec des jeunes qui fréquentent le Centre pour rendre compte des besoins énoncés. L’étude s’appuie aussi sur l’observation participante faite par la chercheure dans le cadre d’un stage de recherche — intervention et offre des statistiques descriptives des jeunes qui fréquentent le Centre.

La question de recherche vise à comprendre comment le Centre est adapté à sa clientèle actuelle. Ce projet permettra de mieux connaître la population de jeunes de la Basse-Ville dans le but d’élaborer et d’adapter les programmes du Centre de jeunes. Nous faisons également des recommandations au Centre, basées sur notre analyse des données.

Le contexte social de l’agression sexuelle envers les enfants. Mieux comprendre pour mieux intervenir

Geneviève Brabant
École de service social, Université d’Ottawa

L’agression sexuelle envers les enfants est un problème social reconnu depuis plus d’une vingtaine d’années. Plusieurs auteurs, chercheurs et courants de pensée ont défini et tenté d’expliquer les causes, l’ampleur et les conséquences de ce phénomène important. L’évolution des connaissances sur ce sujet a mené à la création d’un discours théorique et de pratiques d’intervention visant principalement la famille dysfonctionnelle comme origine de cette forme de violence faite aux enfants. En dehors de cette conception traditionnelle prédominante, la perspective féministe a permis de définir l’agression sexuelle envers les enfants en termes d’abus de pouvoir dont les causes relèvent surtout des inégalités du fait des rapports sociaux de sexe, de la socialisation et de la domination sexuelle des hommes envers les femmes et les enfants.

En lien avec l’évolution des connaissances sur le phénomène d’agression sexuelle envers les enfants, de nouveaux modèles d’intervention se sont concrétisés. Plusieurs d’entre eux offrent une conception de l’agression sexuelle qui rejette le blâme de la victime et sa famille et qui remet la responsabilité de l’agression à l’agresseur, tout en reconnaissant le caractère criminel de cette forme de violence. Le modèle d’intervention post-traumatique Trauma Assesment and Treatment (TAT) est un bon exemple du renouvellement de la conception du phénomène de l’agression sexuelle envers les enfants. Ce modèle comprend plusieurs avantages contrairement aux modèles traditionnels d’intervention en matière d’agression sexuelle d’enfants. Toutefois, il comprend aussi certaines lacunes et bénéficierait d’une approche féministe et de travail social ainsi qu’une perspective culturelle. Néanmoins, pour réussir à enrayer le problème social de l’agression sexuelle envers les enfants, nous devrons commencer par enrayer la structure traditionnelle de domination sexuelle et d’abus de pouvoir qui règne dans notre société.

Le processus de transformation de l’intimité du couple lors de la transition au rôle parental

Caroline Brousseau
École de service social, Université d’Ottawa

Une large part de l’intervention réalisée auprès des nouvelles familles vise le développement d’habiletés parentales diverses. La question du couple y est peu abordée. On semble oublier qu’une atmosphère conjugale saine peut avoir un effet bénéfique sur l’enfant. Les rituels intimes pourraient faciliter la création d’une telle atmosphère au sein du couple puisqu’ils constituent, selon certains, des critères d’évaluation récents du taux d’amour. Ainsi, en comprenant mieux comment la naissance de l’enfant transforme l’intimité des nouveaux parents, des stratégies de maintien de l’intimité pourraient être identifiées. Ces stratégies pourraient, à leur tour, permettre d’enrichir les programmes d’intervention destinés aux nouveaux parents.

Afin de mieux répondre à la question de recherche : « Comment la naissance du premier enfant transforme-t-elle l’intimité du couple? », une recherche qualitative, de type exploratoire, a été élaborée. Quatre couples ont été interviewés à leur domicile. Les entrevues, d’une durée d’une heure trente minutes, ont été réalisées en français, à l’aide d’un guide semi-structuré. Les thématiques suivantes ont été abordées : l’intimité avant la naissance de l’enfant, le projet d’enfant, l’arrivée de l’enfant, les changements générés par la venue de l’enfant, la représentation qu’ont les couples de l’intimité, les stratégies de maintien de l’intimité et les facteurs nuisant à l’intimité.

Les résultats démontrent, dans l’ensemble, que la venue de l’enfant s’accompagne d’une diminution passagère de l’intimité du couple. La nouvelle charge de travail des parents modifierait considérablement leur horaire, rendant les sorties amicales ou en duo plus difficiles. Toutefois, cette diminution de l’intimité ne serait pas nécessairement perçue négativement, puisqu’elle s’accompagnerait d’un changement de priorité : l’enfant au détriment du couple. Avec le temps, l’intimité reprendrait ses droits comme en témoignent les récits des couples ayant des enfants plus âgés. Diverses stratégies de maintien de l’intimité seraient alors adoptées : rédaction de mémos stimulants, négligence des tâches ménagères, sensibilisation de l’enfant à l’importance de l’intimité, recours à des services de garderie, etc. Les récits des divers couples interviewés nous rappellent que les failles du système socio-économique peuvent influencer le vécu intime des couples après la naissance de l’enfant. Certains événements perturbateurs du passé intime de chacun semblent aussi avoir ce pouvoir.

Les relations intergénérationnelles dans les familles immigrantes

Javier Calderon
École de service social, Université d’Ottawa

Depuis toujours, des individus et des familles quittent leur pays d’origine pour se déplacer ailleurs, afin de recommencer une vie dans une nouvelle réalité, avec l’espoir d’obtenir de meilleures conditions économiques, politiques ou sociales. En l’espace de quelques décennies cependant, ce phénomène a augmenté considérablement, sous l’impulsion de nouveaux moyens de transport et de production.

Ce mémoire porte sur les relations intergénérationnelles dans les familles immigrantes. Basé sur une recension et une analyse des écrits, il veut étudier les différentes contraintes auxquelles font face les membres d’un ménage quand ils décident de partir en famille vers une nouvelle société.

Le mémoire analyse ainsi les concepts plus couramment utilisés à l’intérieur de cette problématique et explore diverses facettes de l’immigration familiale. Cela permet d’aller aux sources des conflits intergénérationnels qui se présentent au cours de ce processus et de proposer quelques pistes d’intervention afin de mieux y répondre.

Apport du bénévolat dans la communauté francophone d’Ottawa : solidarité et participation citoyenne

Élizabeth Cyr
École de service social, Université d’Ottawa

Notre recherche porte sur la contribution et la portée sociale du bénévolat dans la communauté francophone ontarienne. Plus précisément, nous avons exploré le bénévolat comme agent de prise de parole, d’affirmation de la culture et de l’identité francophones, et d’avancement des causes sociales, afin d’avoir une meilleure compréhension de sa valeur et de sa contribution à la collectivité francophone à Ottawa. Pour la collecte de données de notre recherche, qui se veut exploratoire, nous avons utilisé une méthodologie qualitative, le groupe de discussion. Nous avons fait deux groupes de discussion : l’un avec des bénévoles et l’autre avec des intervenants et intervenantes qui travaillent avec des bénévoles dans des organismes communautaires desservant les francophones à Ottawa, afin d’avoir leurs perceptions sur cette question. Quatre thèmes principaux ont émergé de notre analyse des données recueillies. Le premier explore le sentiment de solidarité qui se tisse dans les activités du bénévolat ainsi que les formes qu’il revêt. Le deuxième porte sur l’expression de la citoyenneté dans le bénévolat, ainsi que sur la façon dont les activités bénévoles peuvent la promouvoir. Le troisième thème concerne la place qu’occupe le bénévolat dans l’affirmation de la culture et de l’identité francophones et le dernier porte sur la contribution du bénévolat à la création de liens sociaux dans la communauté francophone à Ottawa. Enfin, le dernier chapitre propose quelques pistes pour la pratique et pour la recherche en service social.

Mr. Medication. La perception des traitements reçus en institution psychiatrique par des ex-institutionnalisés. Étude exploratoire auprès des ex-psychiatrisées et des ex-psychiatrisés du Nouveau-Brunswick

Ewa Marta Czechowicz
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire fait l’examen de parcours en psychiatrie des ex-psychiatrisées et des ex-psychiatrisés, à la lumière de la pensée antipsychiatrique. Nous avons exploré les perceptions des traitements reçus, les valeurs et les vécus des répondantes et des répondants. Nous avons tenté de comprendre les points marquants de leur souffrance, pour ensuite identifier les facteurs de changement positif ou négatif.

Nous avons privilégié l’analyse du contenu de différents thèmes pour traiter l’ensemble des données recueillies à travers des entrevues semi-dirigées effectuées par Nérée St-Amand (2003). Il s’agit d’une étude exploratoire auprès de la clientèle psychiatrisée du Nouveau-Brunswick. Les hommes et les femmes adultes ciblés pour cette recherche fréquentent différents groupes alternatifs. La méthode de recherche utilisée privilégie le point de vue des ex-psychiatrisées et des ex-psychiatrisés.

Nous avons identifié les facteurs individuels et structurels (l’histoire de la personne, le parcours dans la psychiatrie institutionnelle, les ressources alternatives utilisées) qui ont facilité ou qui ont nui au rétablissement. L’analyse s’oriente autour de trois thèmes : le moment critique — l’entrée dans le système psychiatrique, le parcours en psychiatrie (avec les sous-thèmes suivants : le diagnostic, la médication psychiatrique, les électrochocs) et les facteurs de changement et de survie (avec les sous-thèmes suivants : les relations significatives, l’engagement, la spiritualité et les ressources alternatives).

L’analyse des thèmes choisis met en évidence un clivage profond des perceptions et des expériences. Le rapport aux ressources institutionnelles est marqué par les ambivalences, par la relation amour-haine. Le rapport aux ressources semi-formelles est généralement positif. Principalement, c’est dans ces ressources alternatives qu’on trouve des moyens de support parallèles et alternatifs à la psychiatrie institutionnelle. Par conséquent, les conclusions sont regroupées autour de deux axes : le premier dégage les relations des ex-psychiatrisées et des ex-psychiatrisés avec la psychiatrie à travers les traitements reçus; le deuxième représente les stratégies de survie et de changement utilisées par les répondantes et les répondants pour faire face à la souffrance intérieure. L’ensemble de notre démarche permet de présenter certaines pistes de réflexion pour la recherche et pour l’intervention.

Le dépistage/diagnostic prénatal : choix de reproduction accrus pour la femme ou choix illusoires?

Lyne Dagenais
École de service social, Université d’Ottawa

Le dépistage/diagnostic prénatal (DPN) connaît un essor considérable, particulièrement dans le cadre du Projet du génome humain. L’avènement du dépistage prénatal confronte dorénavant toutes les femmes, dès le début de la grossesse, à deux enjeux controversés de la société contemporaine : l’avortement et le handicap. L’idéologie sous-jacente au DPN préconise des choix de reproduction accrus pour les femmes; toutefois, certaines féministes questionnent s’il engendre pouvoir ou contrainte. Les femmes croient en l’existence du DPN et il ne s’agit pas de mettre en question leur droit à l’avortement, pour quelque raison que ce soit. Par ailleurs, il ne faut pas non plus qu’elles perdent leur droit de poursuivre leur grossesse, si tel est leur choix. L’existence de pressions économiques, institutionnelles, sociales et culturelles a été démontrée. Les besoins et les choix sont des construits sociaux. Le reproduction humaine contemporaine se vit dans une société individualiste, une société de « droits » et de « risque »; une société où une idéologie néo-conservatrice substitue rentabilité économique à droits humains; une société où le savoir expert sexué de la nouvelle génétique situe les causes des problèmes sociaux chez l’individu. L’enfant est dorénavant perçu comme « un objet de consommation » que l’on peut planifier et construire sur mesure, dont on peut vérifier la qualité. Ces valeurs nord-américaines agissent comme catalyseurs pour que le DPN soit perçu comme la façon responsable d’agir pour la mère et la médecine. Comment les femmes s’assureront-elles, dans leur nouveau rôle de « pionnières morales », que des choix de reproduction accrus s’avèrent réels et non illusoires?

« Diagnostiquer le présent » Actualité de la pensée de Michel Foucault : pour une lecture critique de la Loi Brian de 2000 sur la réforme législative concernant la santé mentale en Ontario

Beatriz Delgado
École de service social, Université d’Ottawa

L’objectif poursuivi dans ce mémoire consiste à analyser la pensée de Michel Foucault afin d’effectuer une lecture critique des dispositions ontariennes concernant le traitement de la maladie mentale, notamment celles représentées par la Loi Brian de 2000 sur la réforme législative de la santé mentale. Notre étude présente une analyse de la pensée de Foucault en explorant certains concepts fondamentaux de l’auteur, tels que le pouvoir, le couple savoir/pouvoir, la surveillance, la résistance, le biopouvoir et l’assujettissement. Ce cadre d’analyse nous permet de mieux comprendre la conceptualisation foucaldienne de la maladie mentale et du pouvoir médical/psychiatrique. Michel Foucault est un des plus importants auteurs à se consacrer au phénomène de l’intervention autoritaire de la médecine auprès des personnes psychiatrisées et son oeuvre nous permet de redécouvrir des enjeux conflictuels encore présents dans la société de nos jours. En particulier dans le contexte actuel des politiques de santé mentale en Ontario, nous nous demandons si la loi sur la santé mentale de la province, Loi Brian de 2000, constitue un dispositif de pouvoir qui perpétue la toute-puissance de la médecine sur la folie. Nous mettons l’accent spécialement sur la façon dont le pouvoir médical s’exprime à l’intérieur de cette loi, en constatant sa double nature. La Loi Brian de 2000 comprend des éléments relevant du pouvoir traditionnel, le pouvoir négatif au sens de Foucault, mais aussi d’autres éléments relevant du micropouvoir et du pouvoir positif tel que Foucault le définit. Notre mémoire démontre que la pensée de Foucault conserve toute son actualité et elle s’avère très pertinente pour effectuer une lecture critique de la Loi Brian de 2000.

La justice réparatrice auprès des jeunes contrevenants : une intervention entre un adolescent et sa communauté

Marie-Pascale Dufour
École de service social, Université d’Ottawa

La délinquance juvénile est un phénomène qui préoccupe la société. Notre système de justice pour les adolescents est débordé par le nombre de comparutions; c’est pourquoi la justice réparatrice prend de plus en plus d’expansion auprès des jeunes contrevenants. Les Organismes de justice alternative du Québec (OJAQ) ont pris en charge les délits mineurs pour pouvoir répondre adéquatement aux demandes des victimes et de la société et responsabiliser les jeunes contrevenants.

Dans la première partie de ce mémoire, nous avons fait ressortir l’historique des lois canadiennes sur la délinquance juvénile. Par la suite, nous avons constaté l’état actuel de la situation de la délinquance. Dans la deuxième partie, le contexte historique de la justice réparatrice auprès des jeunes contrevenants a été abordé ainsi que la description des programmes de la justice réparatrice. La nouvelle Loi sur le système de justice pénale pour adolescents fait une plus grande place à la justice réparatrice. Or, il faut réintégrer le jeune contrevenant et non le punir, tout en cherchant des mesures alternatives pour régler les conflits et atteindre des objectifs éducatifs avec ces jeunes.

La troisième partie porte sur l’étude de la justice réparatrice auprès des jeunes contrevenants à partir d’une analyse documentaire des Organismes de justice alternative au Québec (OJAQ). L’analyse des rapports annuels a permis de faire ressortir des statistiques sur les types de délits commis traités par ces organismes ainsi que les mesures alternatives qu’ils offrent aux jeunes contrevenants. Toute cette analyse met en lumière des avantages de la justice réparatrice versus la justice traditionnelle.

L’agression à caractère sexuel : une mise en scène sociale pour l’infection par le VIH chez les femmes

France Galipeau
École de service social, Université d’Ottawa

Quotidiennement, les femmes se trouvent devant nombre de situations et de conditions de vie nuisibles, si bien que leur bien-être et leur état de santé sont compromis. Elles peuvent être sans abri, vivre dans la pauvreté, subir diverses formes de violence, être aux prises avec la toxicomanie, les grossesses non désirées, être une famille monoparentale, ou encore contracter une maladie/infection transmise sexuellement (MTS ou ITS), particulièrement le virus d’immunodéficience humaine (VIH). Partant de ce fait, cette recherche traite précisément de la violence sexuelle et de l’infection par le VIH chez les femmes. Jusqu’à tout récemment, ces deux problématiques ont été considérées comme deux réalités sociales distinctes. Or, une recension des écrits permet de constater qu’il y a un intérêt marqué pour l’interrelation de ces deux problèmes sociaux depuis le début des années 1990. Ainsi, cette recherche s’intéresse aux rapports entre la problématique de l’agression à caractère sexuel et la transmission hétérosexuelle du VIH chez les femmes. Nous avons répertorié des documents dont l’objectif premier est d’informer et de sensibiliser les femmes en général et les intervenantes. Les résultats de notre analyse documentaire révèlent que ceux-ci se fondent sur les valeurs préconisées soit par l’approche biomédicale, soit par l’approche féministe. Ces deux perspectives sont assez opposées généralement. Alors que la première ignore la différence entre le vécu des hommes et celui des femmes, la seconde utilise comme point de référence le point de vue et la situation spécifique des femmes. En substance, notre recherche nous permet de conclure qu’il est impératif de situer cette double problématique dans un cadre d’analyse féministe afin de changer la réalité des femmes.

« Mères seules pauvres : entre le vouloir et le pouvoir ». Le point de vue des femmes francophones monoparentales à faible revenu de la ville d’Ottawa sur leurs besoins et les services en français dans la communauté

Pascale Houle
École de service social, Université d’Ottawa

Le nombre de foyers monoparentaux au Canada a augmenté considérablement au cours des trente dernières années et de plus en plus de familles risquent de connaître un épisode de monoparentalité à un moment de leur existence. Cette séquence de vie fait basculer beaucoup de femmes cheffes de famille dans la pauvreté. Malgré toute leur volonté de s’en sortir, ces dernières se retrouvent dans une situation de survie à laquelle il s’avère difficile d’échapper.

Cette recherche de type exploratoire vise à connaître les besoins des femmes francophones monoparentales à faible revenu de la ville d’Ottawa de même que leurs besoins en matière de services en français. Pour effectuer la collecte de données, nous avons formé un groupe de discussion composé de seize femmes francophones.

Il ressort de notre analyse que la monoparentalité peut devenir lourde à supporter en raison de la charge de travail élevée et des nombreuses responsabilités à assumer par les mères seules. Considéré au coeur de leurs préoccupations, le logement constitue un problème de taille chez les répondantes. Les longues listes d’attente pour accéder aux logements sociaux et les attitudes discriminatoires de la plupart des propriétaires et d’autres locataires font partie des injustices dénoncées. Nous constatons aussi que l’assistance sociale représente la principale ou l’unique source de revenu de la majorité des participantes à la recherche. Cette situation de dépendance s’avère transitoire dans certains cas afin de leur permettre de poursuivre des études ou de prendre soin de leur famille. De plus, les résultats suggèrent que la pension alimentaire pour les enfants ne procure aucun bénéfice chez les prestataires d’assistance sociale puisque l’aide gouvernementale octroyée est réajustée en conséquence. Par ailleurs, malgré la difficulté de communiquer et de trouver un emploi en français à Ottawa, la langue française est considérée comme une force. En ce qui a trait aux services, les femmes ont énuméré des ressources qu’elles jugeaient utiles et pertinentes. Les services pour occuper les enfants de 10 ans et plus, les répertoires, les centres communautaires et les groupes de femmes figurent entre autres parmi leurs réponses.

Cette recherche a permis aux participantes de partager leurs expériences, leur savoir et leurs idées à propos d’une réalité commune. Dans une perspective d’empowerment, nous voulions, à travers ce mémoire, briser l’isolement des femmes et favoriser une réappropriation du pouvoir sur leur vie.

L’état de stress post-traumatique : où le traumatisme prend tout son sens

Audrey Hudon
École de service social, Université d’Ottawa

Les Forces armées canadiennes (FC) font de plus en plus face à des situations d’état de stress post-traumatique (ÉSPT) chez les militaires à la suite des déploiements fréquents pour l’Organisation des Nations Unies (ONU). Les intervenants auprès des militaires doivent comprendre le sens que prennent les traumatismes pour les membres des FC.

L’objectif de cette recherche est d’améliorer la compréhension des militaires touchés par l’ÉSPT et plus spécifiquement par rapport au soutien. Les objectifs spécifiques visent à nommer les significations que revêtent pour les hommes militaires le traumatisme subi à la suite d’une mission de l’ONU, leurs motivations, les rationalités, les fins visées et les résultats atteints; à explorer les différentes stratégies de soutien utilisées par ces hommes; à identifier les situations où les prises de risques étaient présentes. Pour arriver à répondre à ces objectifs de recherche, il faut d’abord comprendre les traumatismes que ces hommes militaires des FC ont vécus et le sens qu’ils accordaient à ceux-ci. Ensuite, il convient de faire le lien entre leur traumatisme et le soutien social qu’ils ont ou n’ont pas reçu et le sens qui lui est accordé.

Les données ont été recueillies à partir d’entrevues semi-dirigées qui ont eu lieu sur une période de six mois en 2004. Toutes les données obtenues ont été analysées avec la technique de la construction empirique de la théorie (CEDLT).

Les résultats de cette recherche permettent de mieux comprendre les significations qu’ont les traumatismes pour un militaire compte tenu de la perception de sa carrière. Ces significations sont en lien avec la perception d’un idéal de carrière militaire. Deux idéaux-types de militaires ont été identifiés par leurs motivations et inspirations à la vie militaire. Le premier idéal-type est celui du vocationnel et le second est celui de l’opportuniste.

Les enfants séparés au Canada : comment se portent-ils?

Renée Hughes
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire est une recherche documentaire portant sur le phénomène des réfugiés, avec un regard particulier sur le sort des enfants réfugiés, séparés de leur famille, qui arrivent au Canada pour faire une demande d’asile. Nous cherchions à comprendre le vécu de ces enfants dans leur pays natal, durant leur fuite et pendant leur trajet vers la sécurité. Nous voulions également exposer les problématiques vécues par ces enfants lors de leur arrivée au Canada, et pendant leur transition à la vie canadienne. Nous avons relevé, dans la littérature disponible, un nouvel intérêt pour ce sujet, c’est-à-dire une préoccupation grandissante de l’État de tenter de répondre aux besoins des enfants séparés. Nous avons identifié des lacunes importantes dans le processus de détermination du statut de réfugié et nous avons examiné certaines difficultés émotives des enfants séparés lors de leur adaptation au Canada. Le rôle du travail social auprès de ces enfants, ainsi qu’auprès des réfugiés en général, a été discuté et nous sommes d’avis qu’une plus grande préoccupation au niveau du multiculturalisme est de mise. Finalement, ce travail nous a permis de comprendre davantage la force avec laquelle ces enfants tentent de se reconstruire une nouvelle vie.

État de situation des familles d’accueil oeuvrant auprès des enfants et des jeunes placés : comprendre et informer pour mieux intégrer

Roxanne Laforest
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche du type recension des écrits met en lumière la situation des familles d’accueil en Ontario oeuvrant avec les Sociétés de l’Aide à l’enfance (SAE). Outre cet état de situation, elle vise à cerner certaines pistes de solution qui touchent les familles d’accueil, en vue de contrer les difficultés de stabilité des placements des enfants et des jeunes placés chez-elles. Ce bilan documentaire décrit la famille d’accueil selon une vision écologique. Cela nous permet d’exposer les grands courants législatifs ontariens qui ont eu une incidence sur le système qu’est la famille d’accueil. En outre, le contexte de ce mémoire est relié à la Loi sur les services à l’enfance et à la famille de 2000.

Les enfants et les jeunes placés sont plus nombreux depuis les dernières années; ils ont plus de difficultés physiques, émotionnelles et d’adaptation. De plus, les intervenants sociaux des SAE ont plus de travail et moins de temps à travailler directement avec leurs clients, soit les enfants ou les jeunes, et avec les familles d’accueil.De surcroît, le système de protection ontarien éprouve des difficultés de recrutement et de rétention des familles d’accueil. Or, ces familles affrontent des enjeux majeurs à l’égard des enfants et des jeunes qui vivent chez eux et en regard du système organisationnel. Ces difficultés peuvent avoir un impact sur la stabilité des placements.

En guise de conclusion, nous émettons des suggestions au niveau de la professionnalisation des parents d’accueil, de leur formation et du lien qui se crée dans la famille d’accueil.

La représentation sociale de la maladie mentale dans les journaux ontariens

François Lamarche
École de service social, Université d’Ottawa

Les pays de l’Occident vivent des changements similaires en santé mentale. Les différents mouvements sociaux, de l’asile aux présentes lois sur la santé mentale, accentuent la différence entre la personne dite « normale » et celle qui souffre d’une maladie mentale. Pour augmenter cette différence, les médias produisent des histoires qui associent la maladie mentale à la dangerosité. Les reportages sur les personnes avec des problèmes de santé mentale qui commettent des meurtres se multiplient et ils demeurent longtemps dans l’actualité. Les conséquences sont multiples : réduction des budgets pour la santé mentale, augmentation du stigma, impossibilité d’intégration communautaire de la personne. Le reportage négatif de la maladie mentale crée même des lois plus répressives qui ne sont en fait qu’une réponse à la perception du risque et non une réponse aux vrais besoins des personnes avec des problèmes de santé mentale.

En Ontario, des politiques sociales, comme la réforme du programme d’assistance sociale et de la Loi sur la santé mentale, sont faites en fonction des perceptions négatives de la maladie mentale. Il importe donc de comprendre ce que disent les médias sur le sujet. Cette étude quantitative fait une recherche sur la perception de la maladie mentale, en se limitant à trois journaux ontariens au cours d’une période de trois mois. Le premier constat est que la personne est perçue comme dépendante du système. En plus, les informations au sujet de la maladie mentale proviennent surtout de citations de professionnels, ne faisant que peu de place à la personne avec des problèmes de santé mentale. La criminalité est le sujet qui domine dans la majorité des articles de deux journaux tandis que la santé mentale domine dans le troisième journal. La dangerosité est toutefois présente dans presque la moitié des journaux. Les résultats de cette étude mettent donc en évidence que la perception de la maladie mentale dans les journaux ontariens est problématique. Un changement s’impose et différentes actions sont recommandées pour modifier le portrait de la maladie mentale dans les médias.

Ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire : analyse des recherches sur les adolescentes et les adolescents exposés à la violence conjugale

Marie-Paule Lefebvre
École de service social, Université d’Ottawa

La violence conjugale a des effets négatifs chez les enfants, adolescentes et adolescents exposés à cette situation familiale. Les recherches se sont intéressées à la problématique de la violence envers les femmes dans les foyers à partir des années 1970. Par la suite, il y eut un intérêt pour les enfants provenant des familles violentes et ce, à partir de 1985. Par contre, il existe encore très peu d’études sur les adolescentes et adolescents exposés à la violence conjugale. Ces jeunes ont été négligés par les chercheurs, en dépit du fait que les difficultés qu’ils rencontrent soient intensifiées par le stade de développement de l’adolescence. Il s’avère donc pertinent d’étudier les adolescentes et les adolescents exposés à la violence conjugale afin de mieux comprendre leur vécu et leurs difficultés.

Ce mémoire propose une exploration de l’état des connaissances au sujet des adolescentes et des adolescents exposés à la violence conjugale, par le biais d’une analyse documentaire. L’analyse des recherches effectuées depuis 1985 a permis de mieux cerner la problématique et de proposer une discussion des enjeux importants qui y sont associés ainsi que des pistes d’intervention pour la pratique.

Les difficultés liées à l’identification des adolescentes et des adolescents exposés à la violence conjugale ainsi que la distinction entre les jeunes qui expriment des difficultés suite à leur exposition et ceux qui n’en expriment pas, entraînent des défis importants pour l’intervention. Il s’avère donc important de sensibiliser tous ceux qui sont en contact avec les adolescentes et les adolescents, incluant les parents, les enseignantes et les enseignants, les travailleuses et les travailleurs sociaux, aux conséquences de l’exposition à la violence conjugale. Nous proposons l’ouverture à la discussion de ce phénomène afin de briser le silence entourant la situation familiale et d’apporter l’aide appropriée aux jeunes exposés.

Diversité culturelle dans les écoles francophones ontariennes : perceptions des intervenants auprès d’élèves issus de familles immigrantes

Bibi Feza Mudekereza
École de service social, Université d’Ottawa

Cette recherche de type exploratoire s’intéresse à l’intégration des jeunes de familles immigrantes dans les écoles secondaires francophones à Ottawa. Elle porte sur les perceptions d’intervenantes et d’intervenants travaillant en milieu scolaire avec les élèves de familles immigrantes et a pour but d’élucider comment ils appréhendent les difficultés et les défis auxquels sont confrontés ces élèves ainsi que les stratégies qu’ils adoptent pour les aider à les surmonter.

Cette recherche s’appuie sur une méthodologie qualitative. La cueillette de données s’est effectuée au moyen d’entrevues semi-dirigées avec neuf répondants travaillant dans des écoles secondaires francophones d’Ottawa ayant un taux élevé de mixité, qui ont accepté de partager leurs expériences d’intervention avec des élèves de familles immigrantes.

L’analyse des propos des répondants a permis de dégager quatre thèmes principaux. Le premier porte sur les complexités du vécu des jeunes issus de l’immigration, qui émanent de la juxtaposition de défis propres au jeune, à la famille et à l’école. Ces enjeux, qui contribuent aux difficultés d’intégration scolaire, comprennent les réalités du contexte familial, notamment la pauvreté des familles immigrantes, les perceptions des jeunes et de leurs familles face aux rôles et aux valeurs provenant de sociétés différentes, l’influence des groupes de pairs sur les adolescents et enfin, la méconnaissance et le peu de sensibilisation de la part du ministère de l’Éducation et des conseils scolaires face aux besoins de ces jeunes. Le deuxième thème explore les facteurs facilitant l’intégration de ces jeunes dans leurs milieux scolaires, alors que le troisième souligne les obstacles rencontrés par les intervenants dans l’exercice de leurs tâches. Le dernier thème traite des stratégies adoptées par les intervenants pour aider les jeunes à surmonter les obstacles. Pour terminer, nous avons dégagé quelques pistes de réflexion sur les politiques et l’intervention interculturelle en milieu scolaire ainsi que sur les besoins de recherche au sujet des jeunes issus de l’immigration qui se butent à des difficultés dans leurs parcours d’intégration à l’école.

Psychiatrie et souffrance : psychiatrie en souffrance?

Myriam Poulin
École de service social, Université d’Ottawa

Essentiellement, ce mémoire de maîtrise vise à dégager les balises à partir desquelles la souffrance psychique est habituellement comprise, en l’occurrence, au sein des savoirs médicaux. Sont alors mis en lumière les éléments propres à cette analyse et nombreux éléments du modèle dominant sont questionnés. Par la suite, on cherche à comprendre cette souffrance à partir d’un cadre d’analyse qui se veut compris en marge du savoir dominant, soit à partir d’approches alternatives. C’est à travers les écrits de Good et Kleinman que cette notion de la souffrance sera abordée. Dans son ensemble, ce mémoire se veut un lieu de construction quant à la notion de la souffrance et des balises à partir desquelles elle est habituellement comprise. Nous cherchons donc à clarifier le sens de la notion de la souffrance à travers une nosographie psychiatrique et par des approches qui se veulent alternatives. Pour ce faire, nous discutons des thèmes de la folie, de la psychiatrie et de la souffrance et de leur histoire. La notion de culture est également discutée, nous amenant ainsi à mettre en question la souffrance en tant que maladie. Enfin, des pistes pour une compréhension globale de la souffrance sont explorées ainsi que des approches alternatives proprement dites.

Le rôle des parents dans les parcours de jeunes qui ont quitté leurs études secondaires en 1997

Caroline Ringuet
École de service social, Université d’Ottawa

L’abandon scolaire est un phénomène complexe et une préoccupation sociale constante. Aujourd’hui, l’inquiétude pour les jeunes non diplômés se renouvelle alors que le marché du travail requiert une main-d’oeuvre de plus en plus scolarisée et compétente. Dans ce contexte, il nous semble important de s’interroger sur le rôle que jouent les parents dans le parcours des jeunes qui ont quitté l’école secondaire sans obtenir un diplôme et ce, non seulement lorsqu’ils étaient à l’école, mais également au moment de quitter et après l’abandon des études. Alors que les jeunes adultes qui poursuivent leurs études ont tendance à demeurer plus longtemps dépendants de leurs parents et à bénéficier de leur soutien, on peut se demander si la même situation prévaut pour ceux qui ne complètent pas leur secondaire.

Afin de répondre à ce questionnement, ce mémoire analyse les parcours de 14 jeunes hommes provenant des communautés urbaines de Montréal, de Québec et de l’Outaouais qui ont quitté l’école secondaire en 1997 sans avoir obtenu leur diplôme. L’analyse de contenu par thèmes a permis d’identifier quatre catégories de jeunes selon le soutien reçu de leurs parents sur les plans scolaire, résidentiel et professionnel.

Les résultats de l’étude révèlent que les parents ont eu un rôle déterminant auprès des jeunes non diplômés du secondaire et que l’encouragement et la valorisation des études mais également le soutien des parents à la suite du départ de l’école, facilitent leur parcours et leur permettent de mieux intégrer le marché du travail. Ces résultats ont permis de proposer certaines pistes d’intervention et ce, auprès de personnes impliquées de près ou de loin auprès des jeunes, que ce soit leurs parents, les membres du personnel en milieu scolaire, les intervenants sociaux ou les médias.

Quand un enfant meurt : rapport des parents au système de soins palliatifs et stratégies d’adaptation

Félix-Antoine Roussel
École de service social, Université d’Ottawa

Ce mémoire de recherche présente l’évolution de la vision de la mort dans la société occidentale au vingtième siècle et la création des soins palliatifs. Considérés au départ comme étant exclusivement réservés aux adultes et aux personnes d’âges avancés, les soins palliatifs sont également prodigués aux enfants de tous âges.

Il est question de présenter l’ensemble des enjeux liés aux soins palliatifs pédiatriques, en passant par leur accessibilité au Canada, les lieux d’administration, les éléments de qualité de vie liés à la santé, jusqu’aux défis relevés par l’équipe soignante interdisciplinaire et la contribution du service social dans ce processus.

Les stratégies d’adaptation que peuvent emprunter les parents dès l’annonce du diagnostic chez leur enfant jusqu’à sa mort est l’élément central de notre recherche. Qu’elles soient efficaces ou non, les stratégies d’adaptation utilisées sont une façon pour le ou les parent(s) de pallier les difficultés émotionnelles. L’enfant aussi fera de même en empruntant des stratégies qui seront propres à son stade de développement et à sa compréhension générale vis-à-vis la mort.

À la lumière des recommandations faites aux diverses instances gouvernementales, nous offrons à notre tour une perspective d’avenir à ce domaine de recherche en suggérant quelques recommandations qui, nous l’espérons, offriront une vision optimiste.

Le meilleur intérêt de l’enfant et la situation des enfants et des adolescentes et adolescents placés en ressources d’accueil : vont-ils dans le même sens?

Mélissa Sauvé
École de service social, Université d’Ottawa

Le système ontarien de protection de l’enfance a subi depuis 1998 de nombreuses transformations, qui ont eu comme impact d’augmenter le nombre de placements d’enfants et de jeunes. Le meilleur intérêt de l’enfant est devenu en 2000 l’objet primordial de la Loi sur les services à l’enfance et à la famille (LSEF). Le ministère des Services sociaux et communautaires (MSSC) a recommandé aux Sociétés de l’aide à l’enfance (SAE) d’adopter l’approche S’occuper des enfants (SOCEN) et son outil, le Cahier d’évaluation et de suivi (CÉS), pour évaluer les besoins des jeunes placées ou placés. En raison de la nouveauté de ces changements, il est important de cerner les perceptions des intervenantes sociales quant au concept du meilleur intérêt de l’enfant, au CÉS et aux enjeux de cet outil en ce qui a trait à ce meilleur intérêt.

Globalement, les résultats de notre recherche révèlent que la majorité des 14 intervenantes sociales interrogées se perçoivent comme des gestionnaires de cas. La stabilité des placements est désignée comme le besoin central en ce qui concerne les jeunes placés. Leurs besoins affectifs et d’intégration sociale s’avèrent aussi importants. Elles soutiennent que le CÉS aide à cerner les besoins des jeunes dont elles s’occupent en leur permettant d’identifier des éléments moins touchés précédemment; le CÉS est toutefois davantage adapté aux jeunes ne présentant aucune particularité. Quelques questions du CÉS provoquent des inconforts chez ces dernières car elles sont intrusives et intimidantes; la passation annuelle de cet outil peut devenir un irritant. De surcroît, les plans de soins sont maintenant plus détaillés, ce qui permet souvent de déceler les progrès effectués par les jeunes.

Il n’en demeure pas moins que l’intervention directe auprès des jeunes, des ressources d’accueil et de leur environnement est cruciale pour atteindre le meilleur intérêt de ces jeunes. L’examen en profondeur des enjeux liés à la stabilité de leur placement est toujours de mise pour vraiment assurer leur bien-être, donc ce meilleur intérêt.

« Casser maison » Analyse des enjeux à l’intérieur des communautés rurales pour les personnes âgées qui quittent leur domicile pour aller vers un logement supervisé

Martine Surprenant
École de service social, Université d’Ottawa

Que signifie la vieillesse dans notre société canadienne? Pour certaines personnes, la vieillesse constitue un processus naturel du développement de l’être humain, alors que, pour d’autres, elle peut représenter un véritable cauchemar. Depuis quelques années, la société canadienne doit s’adapter aux divers changements démographiques, soit la baisse du taux de fécondité, l’arrivée massive des baby- boomers à la retraite et l’augmentation de l’espérance de vie. Ces changements entraînent une véritable remise en question du fonctionnement de la société. Les dirigeants des divers paliers gouvernementaux ainsi que le secteur communautaire devront mettre en place des moyens pour répondre aux besoins de la population vieillissante.

Aujourd’hui, lorsqu’une personne est en perte d’autonomie, faut-il penser à un placement éventuel dans un logement supervisé ou existe-t-il des alternatives? Dans les centres urbains, on constate une augmentation importante de résidences privées et d’établissements de soins de longue durée, en plus d’une expansion du marché résidentiel pour les aînés. Cependant, pour les aînés qui vivent dans les communautés rurales, les alternatives sont très minimes et même inexistantes.

Pour l’élaboration de ce mémoire de recherche, nous avons privilégié une méthodologie documentaire regroupant une multitude de documents concernant les enjeux à l’intérieur des communautés rurales pour les personnes âgées qui quittent leur domicile pour aller vers un logement supervisé. Le changement d’habitation constitue une étape importante dans la vie des aînés mais aussi pour les aidants naturels, soit les membres de la famille et les amis.

Le fait de quitter son domicile peut s’avérer très difficile, mais choisir un établissement qui répondra à nos besoins peut devenir très complexe. En Ontario, il existe deux grandes catégories de logements pour les aînés : la première regroupe tous les établissements privés; résidences, appartements, condos, chambre à louer etc., et la deuxième catégorie englobe tous les centres d’hébergement de soins de longue durée. La différence se situe au niveau du processus d’admission et des services de soins offerts à la clientèle.

La transition entre le domicile familial et l’admission dans un logement supervisé peut entraîner un processus de deuil. Le déménagement engendre une réorganisation du milieu de vie et de l’environnement chez l’individu. Après l’admission, les membres de la famille peuvent remarquer certains changements mineurs et même majeurs chez la personne âgée. Les logements supervisés permettent aux aînés de se rassembler, de participer à l’organisation des activités sociales du centre d’hébergement, de briser l’isolement et d’améliorer leur état de santé.

La construction sociale du diagnostic d’état de stress post-traumatique

Marianne Vincent
École de service social, Université d’Ottawa

Même si un travailleur social a de sérieux doutes par rapport à la validité d’un diagnostic du DSM, il doit quand même être capable d’opérer dans ce système et de comprendre les conséquences associées, pour le patient, à l’obtention d’un diagnostic. Il est cependant important pour les intervenants de comprendre les problèmes conceptuels à la base d’un diagnostic. Ce point de vue critique risque en effet de nuancer l’intervention et de permettre des réflexions par rapport à des problématiques complexes l’entourant.

Quoique cette démarche puisse être faite pour n’importe quel diagnostic, dans le cas de l’état de stress post-traumatique (PTSD), un diagnostic récent et particulièrement controversé, le défi peut sembler énorme. Ce mémoire a pour but de clarifier le débat entourant cette maladie. Cela sera accompli en étudiant la problématique du PTSD, en analysant sa construction sociale à travers une analyse historique du concept, en explorant l’exemple canadien du PTSD dans les forces armées et en étudiant les critiques et controverses entourant ce concept et sa validité.

L’étiologie spécifique du PTSD en fait une pathologie unique. Elle donne accès, pour le patient, au statut de victime. Ce statut, moins stigmatisant que celui de malade psychiatrique, peut être considéré comme désirable. Suite à un examen plus approfondi, cependant, on réalise que le PTSD n’est quand même pas si différent des autres diagnostics psychiatriques. En effet, l’institution médicale traite ces patients comme tous les autres; ils perdent leur voix et ont peu d’influence sur leur traitement.

La condition de victime obtenue par l’entremise du diagnostic de PTSD peut être désirable, mais les autres aspects négatifs rattachés à l’obtention de tout diagnostic psychiatrique demeurent.