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Un jeune noble français qui vient s’installer au Canada quelques années après la Conquête, voilà qui a de quoi surprendre. Tel est pourtant le parcours que retracent ces Mémoires qui font l’objet d’une réédition commentée par Bernard Andrès qui nous font découvrir, au fil d’un récit autobiographique, le détail de la vie mouvementée de cette personne.

Pierre de Sales Laterrière (1743-1815) est quelqu’un d’éminemment intéressant à côtoyer par le biais de cette oeuvre rédigée vers 1812-1815 et publiée en 1873. On comprend pourquoi Bernard Andrès s’attache tant au médecin, auquel il a déjà consacré une biographie et qu’il considère comme le premier mémorialiste canadien. Bien que l’on sente parfois une certaine exagération dans le propos, Laterrière nous fait souvent sourire au passage d’une anecdote par sa plume colorée, soulève notre intérêt lorsqu’il aborde des thèmes comme l’importance du réseau social et lorsqu’il traite de questions comme le divorce et l’homosexualité.

Bernard Andrès accompagne l’oeuvre d’un appareil critique complet et d’une correspondance de prison inédite. Par surcroît, en voulant réhabiliter le personnage, il contribue également, comme d’autres cherchent à le faire actuellement, à jeter un regard nouveau sur la période de l’après-Conquête.

On découvre, grâce à ce document, un personnage singulier confronté aux événements qui rythment son époque ainsi qu’à ses contemporains connus et moins connus. Ultimement, Laterrière exprime surtout des sentiments et des idées à l’égard de faits historiques. Voilà l’exemple éloquent d’une pièce que tout historien souhaiterait posséder lorsqu’il entreprend une étude biographique et qui captivera sans doute tous ceux qui s’intéressent à la période.