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Les auteurs de cet ouvrage sont psychologues, sociologues, économistes, infirmières, gestionnaires, professeurs d’université ou praticiens du réseau de la santé et des services sociaux du Québec. Ils examinent les retombées du virage ambulatoire sur les conditions d’exercice des professions de la santé et sur la vie quotidienne de la population. À cet effet, ils adoptent le plan suivant.

La première partie aborde la problématique du virage ambulatoire. La question de fond est formulée de la façon suivante dans le premier chapitre : « Le virage ambulatoire : vers l’humanisation des soins? » Dans le deuxième chapitre, les auteurs traitent de la relation entre la viabilité de la désinstitutionnalisation et les changements sociodémographiques, sous divers angles : 1) le maintien à domicile : une clientèle de plus en plus lourde; 2) les changements dans la structure familiale; 3) la participation des femmes au marché du travail; 4) les défis politiques qui y sont reliés. Le virage ambulatoire et la conciliation travail-famille font l’objet du troisième chapitre. Les auteurs analysent plus particulièrement les types de relations entre le travail et la vie familiale ainsi que les impacts du virage ambulatoire sur les travailleuses, les aidantes naturelles et les usagères.

La deuxième partie identifie les enjeux sur le terrain. L’impact du virage ambulatoire sur les professionnelles de la santé en précarité d’emploi est analysé, dans le chapitre quatre, non seulement sous l’angle des enjeux et des défis qu’il implique, mais aussi par rapport aux conséquences qu’il entraîne. Femmes et soins : l’expérience du virage ambulatoire à la vieillesse, tel est le sujet abordé au cours du cinquième chapitre. Par ailleurs, les familles et le soutien aux personnes âgées dépendantes sont des relations analysées par les auteurs dans le sixième chapitre.

La troisième partie porte sur la perception des praticiens. Les réseaux formel et informel en action sont analysés à partir de sept perspectives différentes : anthropologique, politico-administrative, économique, féministe, légale, sociologique et, enfin, sanitaire. La gestion des ressources humaines et la réforme du système de santé sont analysées dans le huitième chapitre.

Les besoins des aidantes naturelles et les solutions pour un meilleur équilibre entre les ressources professionnelles et informelles sont discutés dans le neuvième chapitre.

Le virage ambulatoire et la désinstitutionnalisation–exploitation du travail féminin constituent l’essentiel du dernier chapitre.

Un extrait d’une étude sur le virage ambulatoire, produite par le Conseil du statut de la femme et cité par Frédéric Lesemann dans la préface du volume ici recensé, résume bien le non-dit de ce virage, c’est-à-dire ce qui n’est pas exprimé en termes précis, formels.

Ce qui est en cause (avec le virage ambulatoire), c’est bien plus une réorientation conceptuelle et idéologique du recouvrement de la santé qu’un simple changement de la gestion des ressources humaines.

Conseil du statut de la femme, p. 9

Ce recueil de textes a permis d’examiner les enjeux liés à l’implantation du virage ambulatoire fondé sur des principes qui font consensus dans la société québécoise, soit l’humanisation des soins et le maintien du client « citoyen-payeur » (ministère de la Santé et des Services sociaux, 1990) dans son milieu de vie. Mais à quel prix pour les soignantes bénévoles, pour les proches des personnes malades, pour les femmes qui sont sur le marché du travail, pour les professionnelles de la santé? Bref, « les personnes soignantes, tant professionnelles que bénévoles, ont été les grandes oubliées du virage ambulatoire et, paradoxalement, c’est à elles que l’on doit la qualité des soins ».

Somme toute, ce livre pourra s’avérer d’une grande utilité pour les travailleuses sociales et travailleurs sociaux du réseau de la santé et des services sociaux.