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Quel beau livre ! Une édition de grand format somptueusement illustrée en couleur, avec des annotations détaillées et pertinentes et une série d’annexes éclairante. Il est dommage que les Mémoires soient si décevantes.

Issu de familles d’armateurs, Eustache Le Pelley Fonteny fait la traversée à Terre-Neuve seize fois entre 1764 et 1783, toujours comme officier, avant de devenir lui-même armateur et juge consul à Granville. Parti fin avril, il ne revient habituellement qu’au printemps suivant, après avoir livré morues et huiles à Marseille, où il prend cargaison pour Le Havre.

Pendant près de 400 ans, des milliers de marins français exploitèrent ainsi les ressources de Terre-Neuve. Il s’agit de la plus longue et de la plus grande présence française en Amérique. Le Pelley a participé à sa réorientation stratégique, suivant le traité de Paris, quand une pêche sédentaire s’est développée sur la nouvelle côte française de Terre-Neuve. L’armateur est parmi les premiers à exploiter les havres de la Scie, Shoe Cove et Harbour Deep.

Ces Mémoires ne racontent que des mésaventures et des incidents exceptionnels qui se sont produits au cours de ses voyages : naufrage devant le port de Marseille, rencontres avec les pirates de Barbarie, traversées difficiles, tempêtes et orages. De quoi alimenter les contes de matelots. Pour ceux et celles qui s’intéressent à la navigation et aux techniques de construction navale, s’y trouvent également des informations utiles. Mais pour les autres qui s’intéressent plutôt à la pêche, malgré sa connaissance profonde de l’industrie, dont témoigne une lettre de Le Pelley en annexe, ces Mémoires sont laconiques. Par contre, il reste les magnifiques images et cartes de l’époque, tirées des archives françaises et canadiennes mais non terre-neuviennes.