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Ce qui est à lire, reste toujours à lire.

Edmond Jabès

François Ouellet a pris en 2002 la direction de Protée, remplaçant de ce fait Francine Belle-Isle qui en a été la directrice, avec Jacques-B. Bouchard, ces douze dernières années. Douze ans ! Ce n’est pas qu’un changement de direction, c’est un changement de génération…

Francine Belle-Isle a été une directrice d’une extraordinaire efficacité et, sous sa gouverne, Protée s’est imposée comme une revue d’un grand professionnalisme. Elle a su innover, tout en maintenant le mandat premier de la revue, qui est de mettre en valeur les pratiques et les théories sémiotiques contemporaines. Elle a su accueillir des propositions de dossiers qui débordaient du cadre traditionnel de la sémiotique, n’hésitant pas à ouvrir les pages de la revue à des thèmes aussi inattendus que la danse, le silence, le geste, les timbres-poste, etc. – thèmes qui se sont révélés porteurs d’une recherche fascinante. La revue, sous sa direction, a continué à explorer de nouvelles pratiques sémiotiques, politique qui lui vaut sa réputation actuelle sur la scène nationale et internationale.

Toutes ces années, Francine Belle-Isle a porté une attention particulière à l’aspect visuel de la revue, faisant paraître des dossiers d’artistes en complément aux dossiers théoriques. Elle était à cet égard chaleureusement appuyée de Johanne Lamoureux, de l’Université de Montréal, qui a été membre du comité de rédaction de 1990 à 2001. Protée a maintenu son cachet unique dans les revues universitaires canadiennes, en montrant que le travail sur les signes engageait autant les artistes que les chercheurs. L’intersection de ces pratiques sémiotiques a fait la preuve qu’une revue universitaire pouvait avoir un cachet et non simplement une politique éditoriale.

Francine Belle-Isle n’était pas seule dans cette aventure. Jacques-B. Bouchard a été de la partie toutes ces années, comme directeur de la revue, pendant trois ans et demi (de 1994 à 1997), puis comme directeur adjoint et directeur par intérim, assurant une partie de la production (sept numéros), ces dernières années ; il a aussi agi à titre de conseiller à l’informatique. Au dynamisme et à la détermination de Francine Belle-Isle répondaient l’amabilité et la très grande générosité de Jacques-B. Bouchard. Ensemble, ils ont permis que Protée soit une aventure intellectuelle.

Jean-Pierre Vidal, maintenant professeur émérite à l’Université du Québec à Chicoutimi, a fait partie du comité de rédaction ces douze dernières années. En fait, fondateur de la revue en 1970, alors qu’elle relevait du département des sciences humaines de l’époque, il a de tout temps été lié à Protée. On lui doit de nombreuses traductions, un travail d’aide à la diffusion, mais surtout une attitude intellectuelle, une ouverture d’esprit que la revue entend toujours préserver.

Ces artisans nous laissent en héritage une revue d’une grande originalité, une revue qui ne craint pas de prendre des risques et de bousculer les idées reçues, une revue qui a fait de la sémiotique, un regard, une façon de comprendre le monde et de le décrire.