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Frenay, Noël, Parmentier et Romainville, tous docteurs en psychopédagogie, interviennent à des degrés divers dans l'enseignement universitaire en Belgique. Ils adressent cet ouvrage aux chercheurs en pédagogie universitaire, plus particulièrement aux professeurs actuels et futurs de l'enseignement universitaire.

En toile de fond de l'ouvrage, il y a les nouvelles exigences imposées à l'université, qu'elles proviennent de la société (qualité, efficacité) ou de ses «nouveaux» étudiants (diversité, visée de professionnalisation). Sur ce canevas, les auteurs relatent de récents résultats de la recherche en pédagogie universitaire et proposent des voies novatrices centrées sur l'activité de l'étudiant.

Marc Romainville signe la première partie «Entrer à l'université». Il dépeint les changements survenus sur le plan des clientèles des universités, des changements bien connus par ailleurs de l'observateur averti. Professionnalisation des visées de formation, massification et féminisation des clientèles sont des phénomènes communs de l'institution universitaire en Occident. Un point intéressant tout de même parmi d'autres: les professeurs d'université ont tendance à oublier que la moitié des étudiants aujourd'hui proviennent de familles où aucun des parents n'a fréquenté l'université, du moins en Belgique. Ceci est posé comme un défi de nature culturelle pour les étudiants comme pour les enseignants. Dans un deuxième texte, Romainville discute de la pertinence de fonder une sélection à l'entrée des étudiants sur la base de la faiblesse prédictive des instruments ou des indicateurs actuels. Il s'agit d'une contribution utile pour bousculer certaines idées reçues, mais convenons que le noeud du débat sur la sélection se situe davantage sur le terrain des valeurs que sur le terrain de la méthodologie.

«Apprendre et réussir à l'université» qui forme la deuxième partie de l'ouvrage compte quatre articles. Mariane Frenay effectue un retour en arrière pour illustrer les différentes finalités de l'enseignement universitaire, un exercice culturellement enrichissant mais qui n'appuie guère – était-ce l'objectif? – le plaidoyer en faveur d'un accent sur le transfert des apprentissages. Romainville et Parmentier exposent ensuite différentes conceptions, orientations (approches) et stratégies d'apprentissage révélées, observées et étudiées par eux ou d'autres chercheurs en sciences de l'éducation, dont Säljö, Boulton-Lewis, Ramsden, Entwistle, pour n'en citer que quelques-uns. Deux points majeurs à retenir: en apprentissage, conceptions et performances semblent liées; la perception du contexte par l'étudiant influence sa manière d'apprendre.

Parmentier aborde par la suite la question de l'importance de la motivation, ou plutôt de l'implication de l'étudiant dans ses études et son milieu, en regard de la réussite des études. Nous résumons son propos par deux citations révélatrices: «[…] le rôle essentiel de l'enseignant n'est plus de transmettre un savoir mais consiste avant tout à soutenir l'étudiant dans son projet de développement personnel» (p. 90) et «le lien qui s'établit entre la volonté d'apprendre de l'étudiant et la qualité de son apprentissage est […] plus souvent postulée que démontrée» (Idem). Enfin, Romainville soutient dans le quatrième texte que les universités ont les étudiants qu'ils méritent, c'est-à-dire que les modes d'évaluation, les curriculums, les méthodes d'enseignement et les conceptions présentes chez les professeurs déterminent grandement le comportement des étudiants. La typologie qu'il fournit des conceptions des enseignants est intéressante selon lui pour soutenir une démarche formatrice d'explicitation de ces dernières par les enseignants eux-mêmes.

Dans la dernière partie du livre, Frenay explique plusieurs approches pédagogiques de l'enseignement universitaire visant à favoriser un apprentissage de qualité; c'est-à-dire un apprentissage transférable à des situations réelles variées. Elle expose notamment un ensemble de stratégies applicables aux grands groupes d'étudiants, tiré de Gibbs et Jenkins (1992). Noël et Romainville plaident ensuite pour l'importance de l'accompagnement dans le contexte de nos universités actuelles. Ils présentent l'accompagnement sous ses différentes formes (professionnelle ou tutorat entre étudiants), ses différentes fonctions (prévention, formation, remédiation) et ses conditions de réalisation. La perspective institutionnelle est abordée par Parmentier qui, rapprochant la pédagogie universitaire de la macropédagogie de Prégent (1989), expose quatre modèles de son développement: 1) le modèle de l'ingénierie pédagogique, curieusement restreinte à l'évaluation de l'enseignement; 2) le modèle de la recherche pédagogique; 3) le modèle de la formation pédagogique des enseignants, ou plutôt les sept scénarios de De Ketele (1996); 4) le modèle du service pédagogique, pouvant s'organiser suivant différentes conceptions.

Les auteurs ne cachent pas, en conclusion, leur parti pris pour une certaine orientation de l'enseignement universitaire, notamment la visée de l'apprentissage en profondeur et le transfert des apprentissages. Leur argumentation est principalement fondée sur des recherches, elle est convaincante et, plus important peut-être, plutôt accessible au professeur non spécialiste en psychopédagogie. Ce livre n'est ni un manifeste, ni une somme, ni un guide précis, mais il donnera certainement une nouvelle perspective au professeur universitaire curieux ou engagé dans une réflexion sur son propre enseignement. Le chercheur en sciences de l'éducation qui n'aurait pas la pédagogie universitaire comme intérêt premier pourra également se trouver enrichi par cette lecture.